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Polémique Body Minute : sur TikTok, l’enseigne contre-attaque à coups de deepfake

Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
La chaîne de salons de beauté, qui avait déjà assigné une influenceuse TikTok au tribunal de commerce de Paris pour «dénigrement» après la publication d’une vidéo humoristique sur l’enseigne, «riposte» désormais à base de vidéos visiblement générées par l’intelligence artificielle.
Face aux critiques, le PDG de Body Minute, Jean-Christophe David, contre-attaque tous azimuts pour, plaide-t-il, défendre les 2 200 jeunes esthéticiennes de ses 450 salons franchisés. (Anna Kurth/AFP)
publié le 24 février 2025 à 15h51
(mis à jour le 24 février 2025 à 16h21)

Revoilà des critiques à l’encontre de la première chaîne de salons de beauté française. L’enseigne Body Minute a déjà essuyé une première salve de reproches pour son opposition farouche à une influenceuse TikTok. La publication d’une vidéo humoristique en octobre 2022 sur la plateforme parodiant une séance d’épilation dans un établissement de l’enseigne a valu à Laurène Lévy les foudres du patron de la marque, Jean-Christophe David (fils du coiffeur Jean-Louis David). Il a notamment assigné la jeune femme en janvier devant le tribunal de commerce de Paris pour «dénigrement», l’accusant de tirer profit du hashtag #bodyminute pour gagner des abonnés.

@laulevy

POV : c’est pas un pov 😭 les body minute de Ledru Rollin et de Gare de Lyon be like 💀 #bodyminute #pov #humour #acting #estheticienne #passifagressif

♬ son original - Laurène ✨

Le dirigeant, qui n’a visiblement toujours pas digéré la vidéo, assure aujourd’hui «préparer» la «riposte», auprès de nos confrères du Parisien. Quand d’autres marques optent pour l’humour ou la discrétion, lui contre-attaque tous azimuts pour, plaide-t-il, défendre les 2 200 jeunes esthéticiennes de ses 450 salons franchisés. Sur le compte officiel de Body Minute, plusieurs vidéos visiblement générées par l’intelligence artificielle ont en effet été postées depuis mi-février. «Tout, je dis bien tout, ce que vous allez entendre ou lire dans le bad buzz de Body Minute sur TikTok de la bouche des petites tiktokeuses en mal de followers est faux, inventé ou exagéré», appuie, par exemple, une femme nommée «Cruella reine de TikTok», dans ce qui semble être un deepfake – la technologie permet de truquer des vidéos en modifiant de manière ultra réaliste des poses, expressions faciales et autres gestuelles d’individus.

@bodyminuteofficiel

Qui harcèle qui ? À ce jour 150 FIKFAKEUSES et FIKFAKEURS ont réalisé une vidéo dénigrante et sans fondements sur nous , nous avons recensé 15 000 commentaires nous concernant et qui se décomposent ainsi : 7 000 commentaires de ricanements stupides et creux , 5 000 commentaires au soutien des 150 vidéos et 3 000 commentaires écrits de menaces de fermeture d’activité 👻!!! Le tout posté par à peu près 4 000 pseudos …. Dont plus de 2 000 sont des comptes « privés » ou avec deux photos landas et sans vie ??? Reste uniquement 2 000 pseudos visibles et réels !!! (A titre d’information Bodyminute c’est 300 000 clientes abonnées fidèles et heureuses qui viennent dans nos instituts tous les mois). Et toute cette débauche gratuite de haine parce que Laurène la N n’a pas aimé comment nous l’avons réceptionnée pour ses épilations ?? C’est ça TIKTOK ???? À mon avis c’est plutôt TikTok qui va bientôt fermer !!!! Je comprends mieux pourquoi tout le monde l’appel fikfake !!!!

♬ son original - Bodyminute officiel

Ces vidéos TikTok s’adressent d’ailleurs directement à l’influenceuse : «Laurène, s’il te plaît, ma vidéo précédente est une vidéo comique. Arrête de faire des dramas pour rien, cool !» Depuis ces publications, Body Minute essuie de nouveau commentaires négatifs d’internautes. «Force à l’équipe marketing et stp (sic) Jean-Christophe [David] lâche les réseaux tu ruines ton business. Tout TikTok rigole de ton comportement y’a que toi qui ne voit rien», écrit par exemple un utilisateur du réseau social sous une vidéo publiée sur le compte de Body Minute. Sur X, une utilisatrice estime que «Body Minute creuse encore plus» la polémique : «C’est fou de rester bloqué sur ce drama cours de maternelle comme ça. Quelle com désastreuse, ils sont complètement cinglés.» Sous un de ses posts TikTok, la marque explique avoir «bloqué les commentaires» pour éviter que des «FAUKONTES [faux comptes, ndlr]» viennent y «déverser leur N [haine]».

Jean-Christophe David ne nie pas être à l’origine de ces vidéos, selon le Parisien. Auprès de nos confrères, il explique vouloir prendre la défense de ses salariées esthéticiennes, «les jeunes qui rentrent dans le monde du travail» : «En ce moment, il faut reconnaître que les esthéticiennes prennent cher, donc avec tous les syndicats de la profession, nous préparons notre riposte, plaintes et tout le Tintin (sic) classique dans un tel cas.» Il considère toujours que Laurène Lévy a insulté toute une profession «dans une vidéo ratée et injurieuse». Dans une vidéo publiée sur ses réseaux, l’influenceuse enjoint de son côté la marque à lui «lâcher la veste». Elle tance la communication de l’entreprise : «Alimenter la polémique n’est à mon sens pas la meilleure stratégie à adopter.»