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Tatouages, piercings… L’intime dans la peau : «Je me suis faite tatouer pour me réapproprier mon corps après une agression sexuelle»

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Témoignages - Corps et beautédossier
Ils ou elles se sont fait tatouer ou percer pour se réapproprier leur corps ou ne pas oublier un événement marquant de leur vie. Dans notre quatrième épisode, Zohra, 28 ans, designer au Luxembourg, fait de ses tatouages des archives d’événements douloureux.
«Lorsque je me fais tatouer, je me sens presque safe, je m’endors même», explique Zohra, 28 ans. Photo d'illustration. (Jeanne Pieprzownik/Libération)
par Florian Bardou et photo Jeanne Pieprzownik
publié le 17 avril 2024 à 8h02

Piercings et tatouages existent depuis la nuit des temps. Et si elles ne revêtent plus un caractère initiatique, les modifications corporelles sont de nos jours un moyen de s’approprier son corps et d’affirmer son individualité en inscrivant dans sa chair un évènement intime ou un trait de personnalité. Des tatoués et percés racontent à Libé le sens particulier d’une de leurs bodmods.

«Cela doit faire dix ans que je me fais tatouer chaque année. Ce n’est pas tant le tatouage qui en fait quelque chose d’intime ou d’important que le moment. J’ai notamment un soleil, pas vraiment figuratif, sur le plexus solaire. Je l’ai fait faire à Berlin il y a presque cinq ans par une artiste que j’aime beaucoup qui dessine des symboles magiques. On essayait de respirer en même temps : c’était très méditatif. Je l’ai fait pour me réapproprier mon corps après une agression sexuelle. Je me disais ce corps-là, il est à toi, you got this. Quelques mois plus tôt, j’avais subi cette agression dans le milieu du travail.

«Lors d’une soirée, on m’a mis un truc dans mon verre. Je n’avais aucun souvenir de cet événement, mais c’était connu de tous mes collègues. Je l’ai su quatre mois plus tard et quand j’ai compris, toutes les autres histoires similaires que j’ai vécues se sont