En 1982, alors que l’épidémie du sida se répand dans le monde, le réalisateur Stephen Sayadian – né à Chicago d’un père arménien et d’une mère italo-américaine – se lance dans le tournage d’un film soumis aux contraintes du porno : il a onze jours pour tout mettre en boîte. Les caméras sont câblées sur des branchements électriques illégaux. La légende veut que les figurants aient été recrutés dans une clinique voisine qui collecte du sang contre rémunération et distribue de la méthadone. Interrogé à ce sujet, Stephen Sayadian raconte : «Mon studio était situé au 6 646 Hollywood Boulevard, juste à côté du Masque, le premier club punk de Los Angeles. L’endroit était toujours rempli de spécimens humains grotesques, on ne pouvait pas espérer de meilleur casting.» De fait, le film qu’il réalise – Cafe Flesh – transpire le mal-être et la dysphorie.
L’action se situe après une guerre nucléaire : 99% des survivants – devenus «sex negatives» – ne peuvent plus avoir de relation sexuelle sans tomber gravement malades. Les rares personnes «sex positives» sont forcées par le gouvernement à s’accoupler sur scène pour le plaisir des mutants. Rongés par la frustration, certains deviennent addicts au spectacle. La satire résonne de façon troublante avec les injonctions actuelles à la distanciation sociale. «A cause du coronavirus, il est devenu interdit de toucher d’autres humains», remarque l