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Libération
Reportage

Ces adolescentes tout feu tout fan : «Elles veillent les unes sur les autres»

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Dans l’imaginaire collectif, idolâtrer un artiste ou un groupe pendant l’adolescence rime avec hystérie et fascination démesurée. A rebours de ce discours teinté de sexisme, «Libé» a rencontré trois familles, percutées par Tokio Hotel ou LEJ, et pour qui les enjeux sont surtout financiers et éducatifs.
Léonie, 14 ans, fan de Tokio Hotel, sa mère et son beau-père, dans sa chambre à Mons-en-Barœul (Nord), le 1er octobre. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
publié le 7 octobre 2023 à 8h21

Les yeux noircis par l’indéboulonnable triade adolescente – khôl, eye-liner et mascara –, Léonie, 14 ans, montre sa chambre-musée. D’abord son lit fait au carré pour l’occasion, orné d’un plaid à l’effigie de son groupe préféré, coussin assorti, le drapeau, la dizaine de posters qui recouvrent ses murs et, enfin, la bibliothèque garnie comme un autel. A la place des bondieuseries, cierges et icônes : des CD, des coffrets, une pancarte en carton marquée d’un «Tokio Hotel, best band ever, love you guys». Oui, Tokio Hotel. Ce groupe qui déchaînait les jeunes filles en fleurs en 2007, jusqu’à leur faire choisir l’allemand en LV2 au collège, fait son grand retour sur les réseaux sociaux et sur scène. En mars, alors qu’elle fait défiler des contenus sur TikTok, Léonie tombe sur une vidéo à la gloire de ces musicos d’outre-Rhin. Elle succombe.

Sa mère, Sandrine, rembobine : «Au début je me suis marrée, je ne pensais pas que ça allait prendre une telle ampleur. Tout est allé très vite.» Une tempête qui emporte toute la famille. En août, la mère et son conjoint, Alain, décident même d’accompagner l’ado à un festival à Sarrebruck, en Allemagne, où les frères Kaulitz doivent se produire. Cadeau d’anniversaire. Après plusieurs heures de voiture, «même pas le temps d’aller se chercher un verre. Elle voulait qu’on y soit à 13 heures pour un concert à 19 heures. On a calmé un peu le jeu», retrace Alain. L’heure approche. «On se demandait un peu ce qu’on foutait là.»<