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Bien-être animal

Congé «pawternity» : les entreprises mettent la main à la papatte

Les congés permettant aux employés de prendre soin ou d’accueillir des animaux de compagnie sont encouragés dans certaines entreprises. Une manière pour celles-ci de se rendre plus attractives et de répondre à l’évolution de la place des chiens ou des chats dans les foyers.
(DEEPOL by plainpicture/DEEPOL by plainpicture)
publié le 8 décembre 2023 à 14h21

Les amis des animaux s’en félicitent. Ces dernières années de plus en plus d’entreprises prennent en compte les liens qui unissent leurs employés et leurs animaux de compagnie. Au point que certaines boîtes – essentiellement américaines et anglo-saxonnes – permettent à leurs salariés de prendre un congé «pawternity» – «patte-ternité» en VF.

Depuis 2017, par exemple, la chaîne de brasserie écossaise Brewdog permet à ses salariés de poser un congé canin d’une semaine pour accueillir un toutou. La même année, un article du New York Times rappelle qu’une entreprise italienne a autorisé une femme à prendre un congé payé lorsque son chien est tombé malade. Un an plus tard, c’est au tour de Nina Hale, une société de marketing de Minneapolis (Etats-Unis), de proposer un «fur-ternity leave» à ses employés qui peuvent ainsi télétravailler pendant une semaine pour accueillir sereinement un nouveau chien ou chat à domicile.

Jours de deuil

Aujourd’hui les initiatives portées par des entreprises dites «pet-friendly» gagnent en visibilité. Chez la multinationale Mars Petcare, également implantée en France, les salariés bénéficient de dix heures de congé payé lorsqu’ils adoptent un nouvel animal de compagnie, qu’ils peuvent également amener sur leur lieu de travail. Le réseau de promeneurs de chiens américain Rover offre 1 000 dollars (928 euros) au personnel pour élever matou ou chien. En cas de décès du compagnon à quatre pattes, le staff bénéficie de trois jours de «congé de deuil». Qui dit mieux ? Les personnes qui travaillent chez mParticle, une société de données basée à New York, ont même droit à deux semaines de congé payé lorsqu’ils adoptent un chien abandonné ou un animal exotique, comme un iguane. A cela s’ajoute une assurance gratuite (et à vie) pour les animaux de compagnie de la boîte.

Si ces initiatives privées prennent en compte la progression de la thématique du bien-être animal dans les pays occidentaux – selon un sondage de l’Ifop en partenariat avec la Fondation 30 millions d’amis datant de l’an dernier, 69% des Français considère qu’il s’agit là d’un enjeu important qui devrait être abordé par les candidats à la présidentielle – elles ne sont pas dépourvues d’intérêt pour les entreprises. Cela leur permet bien évidemment de se rendre plus attractives et d’attirer de nouveaux employés avec des conditions de travail avantageuses qui ne passe plus uniquement par le salaire. Ainsi la société canadienne de relations publiques Talk Shop, qui souhaite offrir de bonnes conditions de travail aux futurs parents et aux parents (horaires flexibles, télétravail), a voulu être égalitaire en proposant un congé «patte-ternité» de trois jours consécutifs à tous les employés qui accueillent un nouvel animal de compagnie à la maison.

Et dans l’open space ?

D’après un sondage Ipsos, un Français sur deux a un chien ou un chat (52%). Et ils sont 68% à le considérer comme un membre de leur famille. Autant d’éléments qui plaideraient pour une modification du code du travail ou des conventions collectives ? Interrogée par le Peuple animal, l’avocate Blanche de Granvilliers tranche : «En France et en application du code du travail, le congé pour s’occuper d’un enfant malade est limité à trois jours par an et n’est pas rémunéré. Toutefois, les conventions collectives dont dépend l’employé améliorent souvent ce principe au profit du salarié, notamment pour rémunérer son absence. Si le code du travail est assez strict et décrit limitativement les congés, les conventions collectives qui accordent aux employés des congés rémunérés pour des raisons plus diverses, notamment lors d’un déménagement, à l’occasion de la rentrée scolaire d’un enfant ou pour des cérémonies religieuses autres que le mariage pourraient prévoir un droit au congé rémunéré pour motif personnel grave tel que le besoin de soin urgent de l’animal de compagnie, qui fait partie de la famille. Il ne reste qu’à le suggérer et à l’encadrer juridiquement !»

En attendant l’encadrement juridique, que certains appellent de leurs vœux, un autre problématique existe. L’envie pour certains salariés d’emmener leur chien dans leur open space par exemple. «Il n’y a pas d’interdiction formelle dans la loi : c’est au règlement intérieur de chaque société de préciser les conditions qui s’appliquent à l’employé souhaitant venir au travail accompagné de son animal», détaille le média en ligne autour du travail et de l’emploi Welcome to the Jungle. Vous l’aurez compris, dans les années à venir, la place centrale que les animaux prennent dans la vie de certains actifs pourrait faire bouger pas mal de lignes en entreprises. Au nom du bien-être animal, mais aussi de celui des leurs maîtres.