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Chez des buralistes parisiens, des appareils contrôlent l’âge des acheteurs de cigarettes grâce à l’intelligence artificielle

Une quinzaine de bureaux de tabac en Ile-de-France testeront à partir de ce jeudi 12 décembre des machines «vérificatrices d’âge» pour aider les gérants à lutter contre la vente de cigarettes aux moins de 18 ans. Une lumière verte ou rouge s’allumera.
A partir de ce jeudi 12 décembre, des buralistes de la région d’Ile-de-France vont tester un appareil qui vérifie l’âge des clients lors de la vente de tabac - interdite aux mineurs - grâce à l’intelligence artificielle. (Edouard Richard/Hans Lucas via AFP)
publié le 12 décembre 2024 à 18h59

Alerte rouge. A partir de ce jeudi 12 décembre, des buralistes de la région d’Ile-de-France testent un appareil qui vérifie l’âge des clients lors de la vente de tabac – interdite aux mineurs – grâce à l’intelligence artificielle. L’appareil vérifie que le client est majeur et déclenche une lumière verte le cas échéant. S’il ne l’est pas, c’est une lumière rouge qui apparaît et qui enjoint le buraliste à demander une pièce d’identité. Avec un tel dispositif, les acteurs du secteur espèrent surtout «un effet dissuasif».

L’appareil, développé par l’entreprise savoyarde Bergens spécialisée dans la reconnaissance des mineurs, est installé à côté du buraliste face aux clients dont il analyse les traits du visage, a expliqué ce jeudi 12 décembre, Philippe Alauze, à la tête de la fédération des buralistes d’Ile-de-France lors d’une présentation.

Le fondateur de Bergens, Stephan Rosseneu, s’est voulu rassurant, précisant que la machine qui n’est pas connectée à internet et ne stocke aucune donnée personnelle ne prend pas de photo. Un autocollant jaune vif à proximité de l’appareil prévient que l’établissement est doté d’un vérificateur d’âge : «Protection des mineurs, anonyme, sans enregistrement d’images, sans reconnaissance faciale».

Une machine à 590 euros pour les buralistes

Les buralistes, qui ont le monopole de la vente de tabac en France, doivent respecter la réglementation, à savoir l’interdiction de la vente de produits de tabac aux mineurs, a rappelé Philippe Alauze. «Le buraliste est décisionnaire dans cet acte de vente» et peut parfois se tromper, a-t-il déclaré. «Il nous arrive souvent d’avoir une interrogation» : l’appareil «aide donc à la décision» et «à appliquer la réglementation».

Autres effets induits par l’installation de cette machine, selon la fédération : la dissuasion et l’apaisement de tensions qui peuvent naître d’un refus de vente. Eric Saucet, qui tient le Tabac des Facultés à Paris, a ainsi cité l’exemple d’un jeune homme qui, ce jeudi matin, souhaitait acheter une carte de paiement prépayée pour des sites de paris en ligne, eux aussi interdits aux mineurs. La lumière est passée au rouge et le buraliste s’est appuyé sur sa machine pour réclamer une pièce d’identité. «Le jeune homme n’a pas insisté», a-t-il conclu.

L’installation qui est à la charge du commerçant coûte 590 euros. Il n’y a pas d’abonnement. La phase de test en Ile-de-France durera jusqu’en avril, chez une quinzaine de buralistes en Ile-de-France, avant le projet d’extension dans les 23 000 bureaux de tabac français. Ces «vérificateurs d’âge» ne sont néanmoins pas complètement nouveaux. Ces appareils ont déjà été testés dans des buralistes hors d’Ile-de-France cette année, a précisé Stephan Rosseneu, mais ils ont aussi encadré la vente d’alcool dans des supérettes.