Plus rien ne sera comme avant. Il suffit de tapoter El Mordjene sur ton clavier pour comprendre. Tout le monde en parle, partout. La pâte à tartiner algérienne a traversé la Méditerranée. Un trésor qui tombe à la flotte. Tous les messages reçus cet été durant mes vacances au bled auraient dû me préparer psychologiquement. Des connaissances qui n’ont aucun lien avec l’Algérie m’ont contacté pour me demander de glisser un pot dans ma valise.
Je vais retracer en quelques lignes le parcours de cette pâte à tartiner pour les égarés. L’entreprise Cebon, qui produit cette pépite depuis trois ans, est basée à l’ouest de l’Algérie, à Oran. El Mordjene tournait bien au pays. Tu peux te procurer un pot contre environ 2 euros (il coûte cinq fois plus cher en moyenne en France, notamment sous le manteau). Tout a basculé à l’aube de l’été. Des influenceurs ont mis en ligne des vidéos pour vanter le goût magique (et très sucré) de El Mordjene. Tu as le sentiment de manger une tartine au Kinder Bueno ou au Ferrero Rocher. Face à la demande, l’entreprise Cebon a augmenté sa production.
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A la fin des vacances, je suis allé au supermarché à Mostaganem pour acheter des pots. Les temps changent. A une époque proche, les derniers jours, les immigrés allaient acheter de l’huile d’olive ou des dattes, mais personne ne pensait à faire un détour pour de la pâte à tartiner. Je tombe sur une allée blindée de pots. Une razzia. J’ai rempli mon chariot à roulettes. La caissière m’a jeté un regard de travers.