C’est une pub qu’on a croisée dans le métro parisien, entre boulot et dodo. On y voit un quadra ou quinqua rutilant, à la pilosité poivre sel parfaitement domestiquée, le cou ceint d’un bandana pimpant, la surchemise ouverte sur le tee-shirt. Tout sourire, il mange des sushis en pro, avec des baguettes. La gamine qui l’accompagne y va avec les doigts et avec joie, on peut compter les quenottes qui lui manquent ; elle est trop mignonne avec ses nattes à la Fifi Brindacier. Leur tandem est une image d’Epinal. C’est sur le slogan de la réclame qu’on tique : «Plus de sorties, moins de séries.» Car la pub émane de Westfield, marque phare du groupe français Unibail-Rodamco-Westfield et poids lourd des centres commerciaux – 67 au compteur, répartis dans 11 pays, dont 16 en France.
Cette pub suggère qu’aller se restaurer au centre commercial constitue une alternative positive (enjouée, partagée, gourmande) au visionnage de séries – lequel serait une activité morose, apathique et recluse. Si on était lesdites séries, on porterait presque plainte pour diffamation. Pour mirage, aussi. Déjeuner au plein milieu du shopping est incontestablement pratique. Mais nous faire miroiter une épiphanie, avec échappée magique, c’est pousser un peu loin une stratégie aux airs de rouleau compresseur, dont l’objectif est de conforter le centre commercial en lieu de vie à part entière,