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Ile-de-France

Pour lutter contre la fraude, la RATP envisage des amendes 20 euros plus chères et davantage de contrôles dans les tramways

Si seulement 5 % des usagers fraudent l’accès au métro et au RER, ils sont 15 % à ne pas payer le bus et 16 % les tramways. Pour faire face, le réseau ferré public a proposé, ce 28 mars, un plan de lutte contre la fraude beaucoup plus répressif.
Le président de la RATP et ancien Premier ministre, Jean Castex, et la présidente du conseil régional d'Ile-de-France, Valérie Pécresse, le 14 février 2025 au centre de maintenance de la RATP à Bobigny, en banlieue parisienne. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 28 mars 2025 à 11h49

La RATP a présenté ce vendredi 28 mars son plan pour lutter contre la fraude, qui représente plusieurs centaines de millions d’euros de manque à gagner chaque année sur son réseau. Dedans, une vingtaine de mesures, dont l’augmentation du prix des amendes.

L’entreprise dit recenser 1,7 million d’infractions par an sur son réseau, avec un taux de fraude très variable en fonction du mode de transport. Ce taux n’est que d’environ 5 % des usagers sur le réseau ferré (métro et RER), soit «assez proche des objectifs contractuels» fixés par l’autorité régionale organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), d’après le porte-parole de la RATP, Jimmy Brun. En revanche, il atteignait 15 % dans les bus et 16 % dans les tramways en 2023.

Pour faire face, la présidente d’IDFM, Valérie Pécresse, a demandé à la mi-février aux opérateurs de déployer un plan de lutte contre la fraude avec pour objectif de la diviser par deux d’ici à la fin de l’année. Pour rappel, depuis l’arrivée de la républicaine à la tête de la région en 2015, le Pass Navigo a augmenté de 26,7 %, alors qu’elle avait promis de le maintenir lors de sa campagne.

D’après les estimations de la région, la fraude dans toute l’Ile-de-France représente 700 millions d’euros de pertes de recette tous les ans. La RATP souhaite donc augmenter de 20 euros les amendes pour les rendre plus dissuasives. Actuellement, l’amende s’élève à 50 euros si on la règle immédiatement, bien en dessous de la moyenne mondiale qui est de 116 dollars, selon les chiffres de la RATP. L’amende pour défaut de titre de transport passerait ainsi à 70 euros en cas de règlement sur place et 120 euros en différé. La RATP veut d’abord obtenir l’accord de son donneur d’ordre IDFM pour valider la mesure.

Davantage d’«opérations coup de poing» sur le réseau tramway

Depuis février, la RATP a effectué 200 opérations de contrôle continu là où la fraude est particulièrement importante. «Nous avons dans ce cadre contrôlé 60 000 voyageurs et dressé 6 300 amendes», a précisé Jimmy Brun. La RATP va intensifier ces «opérations coup de poing», notamment sur le réseau tramway, en y augmentant «significativement le nombre de contrôleurs» avec le doublement des effectifs en trois ans. Sur le réseau ferré, l’opérateur public envisage d’augmenter «progressivement» de 50 % les effectifs qui sont actuellement de 1 000 agents de contrôle, dont entre 400 et 600 déployés tous les jours sur les lignes.

La RATP étudie également l’idée de recourir à l’intelligence artificielle avec des caméras programmées pour détecter les franchissements illégaux de portique. Elles enverraient un message au poste de sécurité qui pourrait aussitôt dépêcher une équipe pour verbaliser les resquilleurs, sur le modèle de ce qui existe à Barcelone, a expliqué la RATP. Il sera nécessaire d’obtenir l’accord du législateur pour lancer l’expérimentation, a nuancé la Régie.