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Pourquoi acheter des bonbons en direct sur TikTok n’est pas vraiment une bonne idée

Même si elles cartonnent sur le réseau social chinois, les boutiques de vente de sucreries en ligne ne respectent pas toujours les règles sanitaires en vigueur, alertent plusieurs médias.
Les boutiques de bonbons sur TikTok se sont multipliées en France, et attirent le client à coups de jeux promotionnels et de découverte en direct de nouveaux produits. (iStockphoto. Getty Images)
publié le 15 avril 2025 à 10h23

Les vidéos sont alléchantes, comme si l’on était propulsé dans un télé-achat version Charlie et la chocolaterie. Des jeunes femmes, la plupart du temps, préparent des commandes de bonbons multicolores, aux formes et aux parfums variés, devant des bocaux remplis à ras bord, et, surtout, dont certains ne se trouvent pas dans le commerce en France. Ces sucreries, des comptes comme @candy_douceur (près de 195 000 abonnés) ou @candymixfrance (plus d’un million) les vendent sur TikTok, comme d’autres internautes ont lancé leur activité de traiteur ou de vente de bougies via Instagram.

Inspirées de pratiques venues des Etats-Unis et d’Angleterre, les boutiques de bonbons sur TikTok, qui vendent aussi parfois des sodas, se sont multipliées en France, et attirent le client à coups de jeux promotionnels et de découverte en direct de nouveaux produits, ou encore en filmant des commandes records. On compte ainsi plus de 300 000 publications avec le mot-clé «bonbon» sur le réseau social chinois. Le business est si sérieux qu’en octobre, la Niortaise Johanna Poitevin, à la tête de CandyMix, a même ouvert une boutique éphémère de bonbecs à Saint-Lazare, à Paris.

@bonbonsfamily.7

Elle explose le record !! 😍😍🤯🤯 #bonbons

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@socandyshop

Règle du jeu de la banque de Soso (version Soso Police) #socandyshop #smallbusiness #live #live #jeu #cadeaux

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Ces entreprises sont parfois présentées comme des success-storys dans la presse, notamment parce qu’elles ne nécessitent pas une grosse mise de départ. Johanna Poitevin, leader française du secteur, expliquait ainsi l’an dernier au Parisien avoir débuté avec ses économies (moins de 2 000 euros) et avoir, quelques années plus tard, pu embaucher sept salariés pour préparer les dizaines de milliers de commandes qu’elle a enregistrées.

Additifs interdits

Pour autant, si ces entreprises sont tenues de respecter les mêmes règles sanitaires que toute autre PME, il n’est pas toujours très prudent de commander leurs produits, alertent plusieurs médias. Outre que les prix n’y sont pas forcément avantageux, les ingrédients présents dans ces douceurs peuvent être mauvais pour la santé (risque de caries, bien sûr, mais aussi présence d’additifs liés à des cancers ou troubles hormonaux).

«C’est tout à fait légal de vendre des bonbons commercialisés par d’autres pays, à partir du moment où les produits respectent toutes les normes sanitaires du pays où il est vendu», a ainsi expliqué Zoé Kerlo, toxicologue chez Yuka, à l’ADN. Or, les produits venus des Etats-Unis, comme les bonbons Nerd’s ou le Fanta Fraise, très présents dans ces boutiques en ligne du fait de leur originalité, et justement parce qu’on ne peut se les procurer au supermarché, peuvent contenir des additifs, en particulier des colorants alimentaires, interdits en Europe.

Règles d’hygiène

«Il n’y a pratiquement pas d’additifs alimentaires interdits aux Etats-Unis, alors qu’il y en a beaucoup dans l’UE», dit encore la spécialiste. Il en est de même avec les produits venus du Japon, qui ne répondent pas aux mêmes normes (comme certains parfums de Kit Kat). Or, le consommateur qui achète à une boutique française n’a guère moyen de vérifier l’intégralité de la composition des sucreries qu’il commande et la légalité des ingrédients qui les composent. D’autre part, certains vendeurs de bonbecs se filment en train de préparer les commandes sans respecter les règles d’hygiène de base, comme porter des gants.

S’il est difficile d’évaluer à combien s’élève le chiffre d’affaires des boutiques de bonbons en ligne – à titre de comparaison, en 2023, le chiffre d’affaires du secteur des confiseries en France en général était de 1,6 milliard d’euros –, la chose pourrait bien intéresser la Direction générale de l’alimentation, voire la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF). En attendant, mieux vaut les consommer avec modération.