La «fast fashion», cette mode rapide des vêtements à bas prix et de moindre qualité, va-t-elle connaître le sort de l’alcool et des cigarettes ? Les députés du groupe Horizons vont défendre une proposition de loi visant à la pénaliser financièrement et à interdire la publicité de ses enseignes, lors de leur «niche» parlementaire du 14 mars.
Le texte porté par Anne-Cécile Violland – un des sept que présentera le groupe, membre de la majorité – vise les enseignes et sites d’e-commerce qui proposent une quantité innombrable de ces habits pour la plupart importés d’Asie.
L’objectif est de «réduire l’impact environnemental de l’industrie textile», en mettant en place une meilleure information à destination des consommateurs, et en interdisant la publicité pour les entreprises et produits relevant de cette mode éphémère. Le texte prévoit une modulation de «l’écocontribution» versée par les sociétés en fonction de leur impact environnemental, afin de réduire l’écart de prix entre les produits issus de la fast fashion et ceux issus de filières plus vertueuses.
5 euros de bonus-malus
Horizons n’est pas le seul sur le sujet. Le député LR Antoine Vermorel-Marques a également déposé une proposition de loi, qui propose aussi un système de «bonus-malus» pouvant aller jusqu’à 5 euros par pièce pour les entreprises d’«ultra-fast-fashion», qui mettent sur le marché plus de 1 000 nouveaux produits par jour.
«Nous allons discuter avec Horizons pour aboutir à un accord», a affirmé à l’AFP Antoine Vermorel-Marques, ajoutant que son groupe ne «suivra pas» a priori Anne-Cécile Violland sur l’interdiction de la publicité.
L’exposé des motifs de la proposition de loi Horizons pointe un «emballement» de la filière, avec chaque année «plus de 100 milliards» de vêtements vendus dans le monde, un phénomène poussé par les enseignes de fast fashion, dont la plus emblématique est l’entreprise chinoise Shein.
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Accusée de travail forcé, d’incitation à la surconsommation, montrée du doigt pour l’impact environnemental de ses produits et peu transparente sur sa production, Shein s’attire régulièrement les foudres des défenseurs de l’environnement et des droits humains.
L’entreprise a affirmé mardi partager «l’intérêt des législateurs pour la promotion d’une gestion responsable de la chaîne d’approvisionnement et la protection de notre environnement», tout en assurant suivre «les meilleures pratiques internationales en matière de développement durable et d’engagements sociaux».
Sanction des «comportements dangereux»
Ces futures propositions de lois, portées par des partis de droite pour des raisons essentiellement économiques mais qui ne devraient pas déplaire à la gauche, sont accueillies favorablement par le secteur. Président de l’Union des industries textiles, Olivier Ducatillion juge que «toutes les initiatives qui visent à combattre la concurrence déloyale des Shein, Temu et consorts sont les bienvenues». Le président de la fédération du prêt-à-porter féminin, Yann Rivoallan, a aussi estimé «judicieux» tout projet visant à sanctionner «des comportements économiquement, écologiquement et socialement dangereux».
Pour Pierre Talamon, président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH), il faut pénaliser ceux qui s’adonnent «à des techniques de marketing commercial et de surproduction qui vous poussent à acheter des vêtements pour les porter 7 à 8 fois puis les mettre à la poubelle». Ces entreprises qui vendent en ligne «ne créent pas d’emplois, elles en détruisent», tance encore le professionnel.