Le texte était dans les cartons, il a été publié ce samedi 4 mai pour lutter contre le phénomène de la «shrinkflation». Les supermarchés devront dès le 1er juillet informer leurs clients lorsque des produits en rayon ont vu leur quantité baisser sans que leur prix ne diminue, selon un arrêté publié au Journal officiel.
Concrètement, tous les supermarchés de plus de 400 m² en France auront l’obligation d’apposer une étiquette ou une affichette «visible» et «lisible» à proximité, ou même directement sur l’emballage, de tous les produits concernés, stipule l’arrêté du ministère de l’Economie, actant des annonces faites mi-avril par le gouvernement.
Sont visés par l’arrêté les denrées alimentaires et les produits non alimentaires commercialisés dans une quantité (poids, volume) constante. Les denrées alimentaires en vrac ou préemballées dont la quantité peut varier à la préparation, comme celles au rayon traiteur des supermarchés, sont en revanche exclues.
Interview
«Quand des produits (alimentaires ou non alimentaires d’ailleurs) seront shrinkflatés», autrement dit verront leur quantité diminuer mais pas leurs prix, «il y aura une affichette dans le rayon durant deux mois», avait expliqué la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, le mois dernier.
Sur cette affichette, «sera écrit : «Pour ce produit, la quantité vendue est passée de X à Y et son prix au kilo, gramme ou litre a augmenté de X % ou X euros»», soulignait-elle.
Réduire les quantités pour cacher l’augmentation du prix
La «shrinkflation» – du verbe anglais shrink, «rétrécir» – consiste, pour les fabricants de produits de grande consommation, agroindustriels ou distributeurs, à réduire les quantités des produits vendus plutôt que d’augmenter trop significativement les prix.
Le distributeur Carrefour avait par exemple réduit drastiquement les quantités de ses légumes «premiers prix» pour rester sous les 1 euro, rappelait en décembre le média 60 Millions de consommateurs, évoquant le passage de trois à deux salades ou la réduction d’un tiers du filet de pommes de terre. Cette semaine, un produit Fleury Michon a été aussi épinglé par l’association Food Watch.
«Si un décret sort, nous le respecterons et l’appliquerons, mais nous le regrettons», avait déclaré en janvier le patron du quatrième distributeur français, Système U, Dominique Schelcher. «C’est l’industriel qui sait que son emballage a baissé, que la recette a été remise en cause», a-t-il dit, craignant «une perte de temps» pour les équipes en magasin. «Un distributeur ne peut prendre la responsabilité de la modification ou de la composition d’un produit. C’est donc aux fournisseurs d’assumer l’information en direction des consommateurs», défendait de son côté Michel-Edouard Leclerc en janvier auprès de Libération. «L’erreur que nous avons commise est de continuer à dire que la shrinkflation est légale alors que le consommateur considère que c’est une arnaque, déplorait également Richard Panquiault, directeur de l’Institut de liaison des entreprises de consommation qui représente les plus grandes marques. Les industriels doivent comprendre qu’ils ont là un objectif de transparence.»
A l’avenir, Olivia Grégoire a par ailleurs indiqué souhaiter que cette obligation incombe aux industriels plutôt qu’au distributeur, et ce, au niveau européen, à l’occasion d’une «révision des règles de l’information du consommateur sur les denrées alimentaires en Europe en 2025».
Mise à jour : ce samedi 4 mai à 18h23, avec l’ajout de la publication de l’arrêté au Journal officiel.