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Textiles

Ameublement : Window, hisser haut le rideau

Originaire des Vosges, terre de textile, le journaliste de mode Frédéric Martin-Bernard propose du sur-mesure ou du prêt-à-poser façon demi-mesure pour le «parent pauvre» de la décoration.
Un rideau Window en lin imprimé hortensia. (WINDOW VA&VIENT)
publié le 17 octobre 2023 à 5h31

On vous l’accorde, la proposition est de niche : des rideaux sur-mesure ou demi-mesure. Mais l’offre de niche est de nos jours une valeur refuge, promesse d’échapper au formatage mondialisé des goûts et des couleurs, et le rideau n’est pas anecdotique. Il est l’habit de nos fenêtres, et en mettre ou pas est un choix signifiant : être ouvert sur l’extérieur ou se protéger d’éventuels regards ? Laisser passer la lumière, la filtrer ou carrément obturer ? La jouer branché dépouillé ou cocon cosy ? Et quand l’initiative se double d’une histoire personnelle, on considère plus attentivement la démarche de Frédéric Martin-Bernard, qui a créé la marque Window l’an dernier.

«La couture, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas»

Il est des nôtres, journaliste spécialiste du lifestyle (ancien du Figaro, notamment) dont on croise depuis des années la silhouette discrète et élégante, lors des défilés de mode notamment. On l’aurait d’ailleurs plutôt attendu sur ce versant-là, lui dont on ne pensera jamais qu’il a décroché ses rideaux pour se vêtir. C’était sans compter les Vosges. Frédéric Martin-Bernard, 51 ans, est un enfant de cette grande région du textile français, il a grandi à Julienrupt, village à côté de Gérardmer. La maison parentale jouxtait la manufacture d’une grande marque de linge de maison, Anne de Solène. Une tante couturière, qu’il regardait faire fasciné, puis des cours de couture au collège ont participé à un intérêt précoce pour la confection concrétisé ensuite par un diplôme de l’Ecole supérieure des industries textiles d’Epinal. Un cursus complété par des cours de stylisme à Paris. Lui-même sera un temps styliste et prof de couture dans un collège de la Goutte d’or, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, avant d’être sollicité par un journal professionnel pour des comptes rendus de salons.

«J’ai longtemps fait mes vêtements, puis j’ai arrêté, mais la couture, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas», nous dit Frédéric Martin-Bernard à l’occasion d’un pop-up (1) ouvert lors de la dernière Fashion Week parisienne. C’est par hasard qu’il est venu au rideau : «Lors d’une brocante à Montpellier, je suis tombé sur de beaux draps en lin et coton dont l’étiquette indiquait qu’ils avaient été confectionnés à Gérardmer. Et ils portaient mes initiales. J’y ai vu un signe, et j’ai décidé d’en faire des rideaux pour mon appartement.» Et de commencer à constituer un stock de rideaux vintage. Puis des amis évoquent leur difficulté de concrétiser un projet de rideaux, puzzle entre le choix des matières, les mesures, la façon. L’idée d’un service qui réunirait le tout se précise, une étude de marché confirme qu’il y a une demande. «Le rideau est vraiment le parent pauvre de l’ameublement», dit FMB. Il faudrait aussi élargir l’offre à la création de tissus. Il met au point les premiers prototypes lors des confinements covidiens.

Ses premiers clients sont des particuliers ou des professionnels – hôteliers, architectes, décorateurs. FMB enrichit ensuite son offre par du prêt-à-poser, avec les mêmes spécificités (du rideau personnalisé, des étoffes tissées dans le Nord, les Pyrénées-Orientales, les Landes, le Tarn ou les Vosges) et pile à dimension quand l’éventail proposé en la matière est généralement réduit et standardisé. Window s’articule autour de ces deux axes.

Hortensias et dégradé

Dans la catégorie prêt-à-poser, la collection Va-&-Vient compte 24 modèles, disponibles en quatre dimensions, pour des fenêtres d’une hauteur qui peut varier de 1,35 m à 3,5 m. Mention à «Au pied des hortensias», au motif floral qui court sur une toile de lin lavé, et à «Horizon mer d’argent», dégradé en jacquard de cotons biologiques et recyclés. Le nom de la collection fait écho à la procédure mise au point pour garantir le quasi-sur-mesure – la «demi-mesure» en termes de couture. Une fois le modèle choisi, il revient au client de décider de la longueur finale, selon le tombé souhaité : c’est lui qui établit ces dimensions, après avoir posé son rideau. Il le fait grâce à un mètre de couturière en papier inséré dans la piqûre du côté gauche de chaque rideau – prévoir l’escabeau, en revanche. Ces dimensions, ainsi qu’une photo, doivent être intégrées dans une appli dédiée, puis (via une enveloppe incluse dans l’achat) le client envoie le rideau à l’atelier qu’on lui aura indiqué et qui procédera à l’ourlet, avec réexpédition dans la foulée. Attention, il faut compter de 369 euros à 669 euros par rideau.

Le volet sur-mesure a, lui, un côté haute couture : la commande se fait après un rendez-vous en chair et en os, avec consignation des dimensions des fenêtres, propositions (de tissus, de couture, de galons, mais aussi de tringles) selon les désidératas du client. La confection est réalisée dans des ateliers des Vosges. Compter entre trois et quatre semaines entre la commande et la livraison, et un prix moyen de 1 000 euros par fenêtre, fourniture et pose de la tringle et de ses fixations incluses.

Pop-up Window, 98, rue de Turenne, Paris (IIIe). Jusqu’au 22 octobre.