Une mauvaise nouvelle en chasse parfois une bonne. La réouverture fin mars de la ligne de train qui relie en sept heures Paris à Milan aurait dû augurer le meilleur pour la 63e édition du Salon international du meuble, qui ouvre ses portes ce mardi 8 avril dans la capitale économique italienne. C’était sans compter sur les hausses générales de droits de douane, avec une taxe de 20 % sur les produits européens, décidées en fin de semaine dernière par le président américain, Donald Trump, dont les conséquences incertaines planent sur le plus important raout mondial dédié au design.
Et pour cause : en 2024, les Etats-Unis ont été le deuxième importateur du secteur bois et ameublement italien – juste derrière la France – avec des ventes en hausse de 1,5 % à 2,2 milliards d’euros, sur un total d’exportations de 19,4 milliards d’euros. Le pays est par ailleurs le premier importateur mondial de meubles, là où l’Europe exporte. Ce qui fait dire à la présidente du Salon, Maria Porro, à l’AFP que «des facteurs géopolitiques comme les Etats-Unis qui, en tant que deuxième débouché de nos exportations, ont annoncé de nouveaux droits de douane, auront certainement des répercussions à long terme» sur le secteur de l’ameublement italien.
Baisses des exportations
D’autant que les exportations, moteur du secteur, avaient déjà reculé de 2,1 % en 2024, avec des baisses pour la France (-3,3 %) et l’Allemagne (-6 %), déplore, lui, Claudio Feltrin, président de l’association de la filière de l’ameublement. Or ces baisses ont également pesé sur le chiffre d’affaires de la filière italienne du meuble, en recul de 2,3 % à 27,5 milliards d’euros. Et «les vents qui soufflent des Etats-Unis avec les droits de douane de Trump ne sont pas rassurants», s’ajoutant à «une demande intérieure qui peine à se redresser», relève-t-il.
Et les nouveaux horizons commerciaux ne sont pas encore mûrs, à l’instar du Brésil. «Même si certains marchés émergents sont en croissance, comme les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, ils ne parviennent pas encore à compenser les pertes des débouchés traditionnels», complète Maria Porro. En 2024, les acheteurs américains ont constitué le sixième contingent du Salone del Mobile – 2 000 exposants de 37 pays et 370 000 visiteurs attendus cette année, dont 38 % d’étrangers –, juste derrière les Français et les Brésiliens, soit 3,9 % des professionnels étrangers.
Ouverte jusqu’à dimanche, sur une surface de 17 hectares, la foire s’étend désormais à toute la ville avec plus d’un millier d’événements (expositions, soirées, installations, etc.) organisés dans le cadre du «fuorisalone» (hors du salon, littéralement) ou de la biennale dédiée à la lumière et aux luminaires, Euroluce. Parmi les questionnements de cette nouvelle Milan Design Week : la recherche de durabilité, avec de «nouvelles solutions esthétiques et technologiques», selon Maria Porro, ou la quête de naturalité.