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Reportage

«Il faut quelqu’un qui continuera de le faire vivre» : en Charente-Maritime, les carrelets à pêche sont dans le vague

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Ces cabanes de pêcheur, perchées là où passent les poissons à marée montante, trouve peu de repreneurs. Quelques passionnés se mobilisent pour renouveler l’enthousiasme autour de la pratique et préserver ce patrimoine du littoral atlantique.
Un des trois carrelets qui peuplent maigrement la pointe de l’île Madame (Charente-Maritime), le 25 juin. (Theophile Trossat/Libération)
publié le 7 août 2025 à 9h32

Amants assidus, la commune de Port-des-Barques et l’île Madame se rejoignent et se quittent deux fois par jour, précipitamment, au gré des marées de l’Atlantique. Cachée du large par l’immense île d’Oléron, leur liaison emprunte la passe aux Bœufs, sentier de 1 100 mètres où les piétons sont mieux aimés que les voitures, pour la tranquillité de la minuscule Madame, qui mesure moins d’un kilomètre carré. Ce matin-là, la passe a émergé dès 8h30 mais Elisabeth Thorigny, formelle, a dit «10h15». Rien ne sert de courir, il faut traverser à point. Depuis la passe, sur le côté gauche, on distingue son carrelet. Une simple cabane de pêcheur sur pilotis, perchée à trois mètres au-dessus de la marée basse, à un endroit où passent les poissons à marée montante. Des trois carrelets qui peuplent maigrement cette pointe de l’île Madame, celui d’Elisabeth est le plus enfoncé dans la mer, le dernier à découvrir, le plus tranquille. La cabane s’appelle Lilibulle, le paradis où «Lili»-Elizabeth bulle, lit, écrit, pêche le mulet, l’éperlan, le congre parfois, laisse de côté son travail de monitrice éducatrice, coupée du monde le temps d’une marée. «C’est pour ça que je l’ai choisi. Je ne me voyais pas dans un carrelet collé aux autres, le long de la côte, avec du bruit, des gens qui vont et qui viennent…»

Là-bas, pas de risque. Aucune passerelle ne mène à Lilibulle. Après la passe, après le chemin des calèches, il faut encore traverser 100 mètres de banche, amoncellement séculair