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Luminaires totems, consoles de Sam Baron, tapis de Cogolin… Les créations à voir aux Designer’s Days

Après cinq ans d’absence, la manifestation de promotion du design et de l’artisanat d’art qui s’est ouverte ce mercredi a réduit la voilure. Jusqu’à samedi, elle propose de déambuler sur la rive gauche, de studios en showrooms, pour se faire une idée de «l’esprit créatif du design». Voici la sélection des créations à ne pas louper selon «Libé».
Sam Baron chez Silvera. (Silvera)
publié le 14 juin 2023 à 19h23

Un «renouveau», pas un «revival». Voilà comment la présidente des Designer’s Days (D’Days) tient à qualifier la nouvelle édition de la manifestation de promotion du design et de l’artisanat d’art qui s’est ouverte ce mercredi – et jusqu’à samedi – à Paris sur la rive gauche de la Seine. «On revient à la source, c’est-à-dire mettre en avant l’esprit créatif du design», explique Valérie Enlart, depuis le showroom de V-Zug, marque suisse d’électroménager premium, ouvert il y a quasiment un an, à trois pas du Bon Marché, dans le VIe arrondissement. Cette année, après une pause de cinq années rallongée par la crise sanitaire, l’événement qui n’est «ni un salon, ni une foire, mais un pas de côté» a donc réduit la voilure par rapport à 2017 : plus que 19 marques ou éditeurs participants, un parcours recentré sur trois jours et autour de Saint-Germain-des-Prés, aucun «enjeu commercial», et surtout le désir d’être une «fête pour les professionnels et de susciter la curiosité du grand public».

«Le parti pris reste le même et les marques, même si elles ont évolué, restent investies dans le design, poursuit la responsable de développement commercial chez Hermès. On s’est donc demandé ce qu’on allait devenir et ce qu’on voulait dire.» Le résultat, qui se veut fidèle au thème «radical» – dans le sens d’un retour à la racine – se donne à voir le temps d’une balade de studios en showrooms, où des scénographies éphémères (comme celle de la plasticienne textile Emilie Faïf chez l’éditeur français de papier peint Elitis, par exemple) côtoient les dernières créations de designers internationaux (du chypriote Michael Anastassiades, spécialiste de l’éclairage minimaliste, chez la marque de meubles italien Molteni&C). Voici la sélection, non-exhaustive, de Libé des créations à y voir.

Chez Triode, des luminaires très totem

On entre chez Triode, 28 rue Jacob, éditeur depuis 2004 de designers des Etats-Unis, comme dans une sorte de reconstitution imagée de l’ouest américain. «C’est un décor quasiment arizonien», souligne Jacques Barret, le fondateur de la marque quant à la scénographie des lieux. Pour cette nouvelle mouture des Designer’s Days, cet ancien des puces de Saint-Ouen a demandé à ses ouailles (une trentaine de créateurs des studios Matt Gagnon, Blue Green Works ou Rosie Li x Mondays) de concevoir «des pièces exclusives» sur le thème du totem (sans tabou), inspiré de Freud. Cela donne une dizaine de luminaires (suspensions, appliques, plafonniers, lampadaires) ou miroirs, tout en verticalité, disposés sur une sorte de gravier couleur terra cotta. L’éclairage est chatoyant et le contraste est apporté par un assemblage de matériaux (verre soufflé, céramique, béton, aluminium) à la fois artisanaux ou très techniques. «Ces designers sont des makers, c’est-à-dire qu’ils dessinent, qu’ils font et qu’ils produisent eux-mêmes dans leurs ateliers», plaide encore Jacques Barret. Comptez néanmoins au moins 6 000 euros pour les pièces les moins chères.

Un tapis inspiré des Maures pour la manufacture de Cogolin

Au showroom de la Manufacture de Cogolin, (30 rue des Saint-Pères, VIIe arrondissement) c’est un tout autre voyage qui est proposé au visiteur. Ici, la fabrique varoise de textiles artisanaux quasi-centenaire, propriété du groupe hongkongais House of Tai Ping et qui a l’habitude de mettre ses savoir-faire au service de grands décorateurs (de Jean-Michel Frank à India Mahdavi), a fait appel au duo de (jeunes) designers Céline Thibaut et Géraud Pellottiero pour imaginer un tapis en velours inédit. Soit une déclinaison textile du travail de la paire sur le massif des Maures qui avait inspiré aux lauréats de la Design Parade il y a quatre ans, une énorme applique murale en chêne-liège, «Lei Mauras». «On aime valoriser les terroirs du sud, explique la designer textile, diplômée de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI - Les Ateliers). Et pour ce tapis tissé, on s’est inspiré d’un tapis de mousse du jardin du Rayol (Var) ou de la canopée des forêts varoises. C’est aussi une façon de faire bouger les lignes de la manufacture.» L’œuvre-hommage, particulièrement poétique, est de ce point de vue là sans équivoque.

Chez Silvera, Sam Baron la tête dans le guéridon

C’est un peu la star – on dit l’invité d’honneur – de ces D’Days dont il est un habitué. Chez Silvera, éditeur français de meubles contemporains haut de gamme, au 43 rue du Bac, le designer Sam Baron, plus de vingt ans de créations éclectiques, présente de nouvelles pièces pensées avant la pandémie. Soit un ensemble de consoles, guéridons et tables basses, mobilier annexe créé à la demande de Brigitte Silvera et souvent manquant dans l’aménagement intérieur. «Ce sont des meubles de complément, relève le designer, également derrière l’identité visuelle de la manifestation inspirée de la typographie de l’école des Beaux-arts déployée durant Mai 68. On peut mettre ces pièces chez soi dans un appartement parisien, elles ne sont pas encombrantes, mais font le job.» Leur silhouette contemporaine mais «discrète» fait aussi écho aux moulures haussmanniennes, «pour attraper l’œil et créer des tensions dans le design». Déclinés en quatre couleurs (noir, bleu électrique, bordeaux et vert sauge), en mat ou en brillant, ces meubles d’appoint sont en métal laqué et coûtent entre 1 000 et 2 000 euros.