Souvenez-vous, c’était une pub des années 90 pour des desserts chocolatés. Entré dans les annales télévisuelles, le spot mettait en avant un gamin coupable de gourmandise qui mettait son forfait sur le dos de son pauvre poisson rouge, Maurice. L’animal tournait en rond dans un bocal de piètres dimensions. Jusqu’à se prendre une cuillère sur les nageoires. Vingt ans plus tard, on se demande si les publicitaires ne poussaient pas un peu le bouchon. Car le bocal, prison décorative low-cost de nos compagnons d’écailles, est devenu le symbole d’un âge où le bien-être animal comptait pour des prunes. Et des fabricants, comme certaines animaleries, l’ont enfin compris. AgroBiothers, l’un des leaders du marché des produits d’aquariophilie, a annoncé la semaine passée cesser la commercialisation de l’objet sphérique (20 balles l’unité), encore vendu à 50 000 exemplaires par an, mais interdit dans plusieurs pays (Allemagne et Pays-Bas, notamment). Il était temps, tant le bocal en verre respire l’anachronisme.
Questionnez un aquariophile : les poissons domestiques (qui seraient 32 millions à frayer dans les foyers français, selon la Fédération des fabricants d’aliments pour animaux) ont des besoins spécifiques en termes d’espace, de température, de PH ou de qualité de l’eau. Respecter leur bien-être consiste donc à reproduire dans un aquarium les conditions les plus adaptées à la vie de chaque espèce, des guppys en groupe aux solitaires combattants. Prenons Carassius auratus, l’appellation latine de notre cher poisson rouge : l’animal, grégaire, peut atteindre jusqu’à 30 centimètres de long et vivre jusqu’à 10 ans. Un seul spécimen aura donc besoin au minimum d’un bac de 50 litres (un couple, le double du volume) pour ne pas souffrir de nanisme forcé. Il lui faut aussi une eau bien filtrée, tempérée autour de 20°C – et surtout pas du robinet, qui peut contenir des métaux lourds nocifs aux habitants d’un aquarium. Tout cela à un coût qui doit faire réfléchir avant d’adopter des animaux aquatiques.