On qualifie volontiers la démarche de matali crasset, designer française prolifique qui a renoncé aux majuscules, de ludique ou d’empathique. Mais elle est tout aussi bien pragmatique que poétique, pratique qu’onirique. Et il faudrait ajouter un nouvel adjectif : écologique. Dans le bref ouvrage Matrices, écrit avec le designer David Bihanic, la créatrice aussi bien connue pour son mobilier modulaire, ses micromaisons expérimentales que son emblématique coupe au bol, prône à partir de quelques-uns de ses projets passés et présents une approche qui, comme celle de tout designer, doit inciter à des modes de vie respectueux et partie prenante du monde vivant. Comment ? En repensant par exemple les espaces intérieurs ou les structures de nos habitats. Autour d’un expresso dans son atelier-loft parisien, au cœur du quartier Belleville (Xe arrondissement), rencontre prospective avec la designer industrielle pour qui c’est toujours l’intention, y compris écolo, qui compte.
Que peut le design face aux différentes crises environnementales ?
Auparavant, j’avais l’habitude de dire que le design servait à améliorer l’habitabilité du monde. Or, on voit bien que cela ne marche plus dans ce contexte de crise écologique. Il y a même deux tendances actuelles : un design majeur, qui consolide la norme et le système capitaliste ; et en parallèle, un design mineur qui a toujours existé et qui se fait à petite échelle. Selon moi, la pratique, qui n’est pas très bien comprise, repose