Avoir sa statue de cire chez Madame Tussauds ou au musée Grévin : kitschissime, le truc fait néanmoins partie des marqueurs de la célébrité certifiée. Ces musées peuvent d’ailleurs se prévaloir d’une popularité jamais démentie : avant la pandémie sapeuse de fréquentation, le plus célèbre au monde, Tussauds (à Londres), affichait quelque 3 millions de visiteurs annuels à son compteur, Grévin (à Paris) plus de 680 000 visiteurs. Et, preuve qu’elles ne sont pas si anecdotiques, il n’est pas rare que les statues fassent débat, voire polémique. Madame Tussauds a par exemple fait grincer des dents en déplaçant, en janvier 2020, Harry et Meghan hors de la section réservée à la monarchie britannique. Idem Grévin, quand le musée a décidé de mettre la statue de Donald Trump au rebut avant même son échec à la réélection. En 2014, celle de Vladimir Poutine avait été attaquée par une Femen. Plus récemment, à San Antonio, au Texas, c’est celle de Trump qui a servi de punching-ball, au point d’être exfiltrée - la direction du musée a précisé que les présidents Bush et Obama ont subi des affronts similaires.
Depuis vendredi, c’est une version de Rihanna exposée au Tussauds de Berlin (le musée compte une vingtaine de déclinaisons à travers le monde) qui fait désordre. Non, elle n’est pas trop claire comme la statue de Beyoncé qui avait valu un torrent de foudres au Tussauds de New York en 2017, avec retour à l’atelier pour correction. Non, elle ne suscite pas des attouchements douteux comme celle de Nicki Minaj (à quatre pattes et à moitié nue, ultraréaliste quoi) à Las Vegas. Elle est tout bonnement hors sujet : comme les fans s’en sont abondamment plaints sur les réseaux sociaux, il est impossible de reconnaître la chanteuse de la Barbade (où elle a été faite «héroïne nationale» le 30 novembre) dans cette soubrette de Noël qui semble juste une Barbie parmi d’autres, désincarnée à souhait. Coïncidence, ce même vendredi, Savage X Fenty, la ligne de lingerie de la chanteuse (qui se double d’une businesswoman, dans la mode, les cosmétiques) dévoilait une collection ponctuelle avec des visuels où «Riri» irradie de chair voluptueuse, à rendre le pilou-pilou incendiaire. De quoi souligner le ratage de cette statue, mais aussi rappeler l’étrangeté de ce procédé qui consiste à figer des êtres de leur vivant, en des répliques comme en plastique.