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Conso alternative

Ecoresponsable, féministe, 100 % canin… Les marchés de Noël donnent dans le thème

Misant sur une consommation plus éthique, les marchés de Noël alternatifs se multiplient pour contrebalancer leurs grands frères, qui n’ont plus vraiment rien de traditionnels. Tour d’horizon des propositions.
La Cité Fertile, tiers-lieu à Pantin (Seine-Saint-Denis), organise plusieurs marchés de Noël à thème : seconde main, produits du Japon, création francilienne, céramique. (Adrien Roux)
publié le 7 décembre 2023 à 10h49

Des créateurs d’accessoires pour chien, des illustrateurs fans du «meilleur ami de l’homme», des associations de protection animale, puis des concerts (Museau, Musique chienne, Godzi, Dogos) pourtant peu recommandés pour les oreilles des canidés. Samedi 9 décembre dans l’après-midi, au Point Ephémère, salle de concert sur les bords du canal Saint-Martin (Xe arrondissement de Paris), les amoureux des chiens et leurs fidèles compagnons pourront déambuler parmi les exposants d’un marché de Noël dédié. A l’initiative de ce premier raout parisien dog-friendly : la revue Bâtard, trimestriel spécialisé dans la gent canine, lancé en juin.

«On avait envie de fêter la fin d’année de manière un peu chaleureuse et dans la ligne éditoriale du magazine, explique Emma Guerchon, sa cofondatrice. Or les autres marchés de Noël canins, c’est très “mémère à son toutou”, c’est pour ça qu’on a invité des artistes, des assos, et qu’on a un “talk” avec une avocate spécialisée. C’est finalement moins l’idée de vendre que de se réunir, sensibiliser et lâcher prise.» L’idée d’un marché de Noël de niche, dévolu aux chiens, n’a en effet rien d’inédit. A Marolles-sur-Seine (Seine-et-Marne) et à Kolbsheim (Bas-Rhin), par exemple, des manifestations un poil plus commerciales invitaient, les 26 novembre et 3 décembre, les badauds à déambuler parmi des stands de marques pour canidés.

«Ne plus consommer à l’aveugle»

Le signe que ce genre de propositions essaiment dans l’Hexagone, en misant plus ou moins consciemment sur des business porteurs – le dynamique marché des animaux de compagnie était ainsi évalué à quasi 6 milliards d’euros en 2022. «S’il y a des marchés de Noël thématiques, c’est que ces thématiques s’installent partout dans la société», avance Julia Pietri, fondatrice d’un marché de Noël féministe à Paris. Déjà à sa quatrième édition, cet événement, organisé dimanche 17 décembre au tiers-lieu parisien Ground Control (XIIe arrondissement), entend réunir une soixantaine d’exposantes (créatrices, artistes et militantes associatives) affiliées au féminisme pop.

«Tout le monde est évidemment le bienvenu mais les marques présentes ne sont dirigées que par des femmes, précise l’autrice et militante féministe, qui tient le compte «Gang du clito» sur Instagram. Cela permet aux personnes intéressées par le féminisme et l’égalité de faire leurs cadeaux de Noël dans un événement inclusif porté par des femmes, avec du “made in France”, de ne plus consommer à l’aveugle ni d’enrichir Amazon. Tout en faisant découvrir le féminisme à toutes celles et ceux qui ne sont pas féministes.» Une façon, aussi, de se poser en alternative aux juteux marchés traditionnels, jugés ringards avec leurs chalets en bois, leur artisanat pas vraiment local et leurs souvenirs «made in China» ?

Création écoresponsable et solidaire

A la Cité fertile, tiers-lieu au cœur d’une ancienne gare de Pantin (Seine-Saint-Denis), un village de Noël accueille cette année des éditions thématiques, qui entendent mettre la création écoresponsable et solidaire au cœur des fêtes. Cela a commencé début décembre par un «Gros Marché» de la seconde main, avant une édition dédiée au Japon, une suivante à la création francilienne, et une dernière à l’objet en céramique.

«Cela fait des années qu’on organise ce genre de marchés de Noël, et désormais ça popup [«surgit», ndlr] partout, observe de son côté Edouard Rose, de l’agence Sinny & Ooko, qui gère des lieux culturels et engagés, tels la Halle aux poissons du Havre ou le Pavillon des canaux et la Recyclerie, à Paris. Ça permet de faire connaître des créateurs et créatrices qui ont des choses à dire, d’interroger ce qu’est Noël à l’heure du changement climatique, d’autant qu’on a vocation à sensibiliser à la transition écologique et sociale.»

«Difficile d’être irréprochable à 100 %»

Grand amoureux de la culture nippone, le géniteur de Shizen, marché de Noël japonais d’une centaine de stands, attendu les 9 et 10 décembre à la Cité fertile, souhaite montrer qu’'il y a toujours une alternative. «L’objectif n’est pas de faire une Japan expo bis, mais de parler du Japon de manière plus écologique, d’y voyager sans prendre l’avion, et de retrouver une ambiance de matsuri [festivals et fêtes populaires japonaises, ndlr], avec des artisans, des circuits courts et du local», poursuit Edouard Rose.

Au programme des réjouissances (non exhaustives) : des ateliers de furoshiki ou de kintsugi, des performances, des projections ou des produits de l’archipel fabriqués en France, comme du tofu créé au Mans ou des shiitakés (des champignons venus d’Asie) et du saké franciliens. Et de compléter : «C’est difficile d’être irréprochable à 100 %, mais on essaye de tendre vers l’écoresponsabilité le plus possible.» Tout en évitant de tomber dans le greenwashing.