En traversant la forêt d’un parc, il est rare qu’on concentre son attention sur le feuillage bercé par la brise, les pas d’un chevreuil, un survol de mouche ou le lointain glapissement d’un renard. Nous sommes rarement à l’écoute de bruits qui ne soient pas d’origine humaine mais proviennent d’autres êtres vivants. C’est ce à quoi s’est consacré l’écologiste acoustique américain Gordon Hempton, créateur de Quiet Parks, un ample réseau d’espaces calmes et de «régénération mentale», initié avec le parc de Yangmingshan près de Taipei, inauguré lors du Jour de la Terre, en 2020. Suivi en septembre par le Hampstead Heath, près de Londres et par le parc du Montnegre (le Mont noir), pionnier d’Europe continentale, à une heure de voiture de Barcelone, soit quelque 15 000 hectares boisés délimités par l’autoroute vers Gérone et la mer.
Léger sifflement électrique
Nous y sommes, là même où il offre le plus beau panorama : depuis les 467 mètres d’altitude de l’ermitage de Sant Martí, on aperçoit la cordillère couverte de denses forêts de chênes, de hêtres et de pins. En compagnie de la biologiste du parc, Mireia Vila, et du garde forestier Pep Pannon (le parc est son «royaume» depuis trois décennies), on ferme les yeux et on tend l’oreille. Un chant de merle, de lointains aboiements de chiens, et aussi un léger sifflement électrique qui semble provenir d’une machine de pompage d’eau. «Oui, aujourd’hui, c’est un jour de calme, dit en souriant Pep Pannon. Parce qu’on est en semaine. Le week-e