Le Brexit a eu des conséquences bien pénibles pour de nombreux Britanniques. L’inflation des prix des denrées alimentaires, mais aussi du logement ou des transports, en est l’un des exemples les plus saillants. Mais puisqu’il faut savoir faire contre mauvaise fortune bon cœur, et même si l’on était franchement pas partisane de la sortie du pays de l’Union européenne, on doit bien reconnaître qu’il existe aussi une conséquence plutôt amusante à la chose : le pays va bientôt vendre du vin au format pinte (soit 568 ml, un chouïa plus que notre pinte à nous). En fait, ce format était déjà commercialisé, pour le champagne notamment, avant 1973, année de l’entrée du Royaume-Uni dans l’UE. Mais pour coller aux règles intérieures valables pour tous les pays membres, ce format, issu du système impérial, avait été abandonné.
«Le poète Robert Burns a imaginé un homme porter un toast à son amante avec une “pinte de vin”, et Winston Churchill était sans doute le plus célèbre partisan de la bouteille de champagne au format pinte», rappelait le Guardian, après l’annonce, fin décembre, par le gouvernement du prochain retour de la chose dans les étals des supermarchés. Mais il n’est pas certain, relève toutefois le New York Times, que les quelque 200 vignobles britanniques mettent en place la mesure, puisqu’ils ne pourront vendre ce format qu’en Grande-Bretagne, et que toute modification de la production a forcément un coût.
L’équivalent du pichet
Dans le reste de l’UE, on trouve des bouteilles (75 cl) et des demi-bouteilles (37,5 cl). On pourrait railler les Anglais, être outrée qu’on serve du vin divin au format d’une vulgaire mousse de pub, ou se moquer de la propension britannique à vouloir toujours tout faire comme personne (quelle drôle d’idée que celle de rouler à gauche !).
Or, ce format intermédiaire n’est pas bête du tout. Quand on est deux, une demi-bouteille n’est pas forcément suffisante puisqu’elle permet de servir trois verres ; se pose alors la question piège : lequel des deux convives a droit au troisième ? Se montrer trop poli en laissant à l’autre le dernier verre, voilà qui peut provoquer de l’amertume (surtout si le pinard est de qualité) et faire tourner la soirée au vinaigre… Mais pour deux personnes, une bouteille entière, cela peut aussi être un peu trop. Cela revient en effet à boire trois verres chacun, plus que la limite de deux verres quotidiens recommandée par les autorités de santé publique. Or quand une bouteille est ouverte, on a de grands risques de la finir…
Le format pinte, finalement, c’est l’équivalent de notre pichet de 50 cl, vendu dans quasiment tous les bistrots et restaurants de France et de Navarre. Un format qui permet de ne pas être frustré, tout en se gardant de trop d’excès. Gosh, en matière de pinard, aurait-on quelque chose à apprendre des Anglais ?