«Sur la plupart des photos, Sandow porte seulement une feuille de vigne… et bande ses muscles. De tels muscles, personne n’en avait de pareils à l’époque.» Lors de l’interview qu’il accorde à Libération, David Guiraud – créateur de la galerie qui porte son nom – est justement en train d’encadrer les portraits d’Eugen Sandow qu’il présente dans le cadre de l’exposition «le sport et le corps masculin au XIXe siècle» (jusqu’au 20 juin, dans le IIIe arrondissement de Paris), qui porte sur la naissance du culturisme. «Cela peut sembler banal, explique le galeriste, mais dans les années 1890-1910, de tels muscles n’existaient pas sur le corps des hommes. On ne pouvait en voir de pareils qu’en allant au musée, au département des statues antiques.» Le spectacle, en ce temps-là, était donc inouï. Les savants eux-mêmes désignaient Sandow comme «le plus parfait des spécimens masculins en vie».
Le spectacle de son corps sortait tellement de la norme qu’avant même l’invention du cinématographe, Eugen Sandow était déjà une star du cinéma : en 1894, il s’exhibe nu, en slip de satin brillant, dans pas moins de trois films réalisés à l’aide d’une «machine à peep show kinetoscope» brevetée par Edison et Dickson (1). Chaque film dure une minute, juste le temps pour Sandow de s’exhiber : de face, de côté, de dos… Ses postures, conçues pour faire saillir les muscles, sont si populaires qu’elles