Le zoo de Londres a fait le buzz le 1er août : un visiteur a publié sur Twitter une photo montrant, dans un enclos, un sac fait à partir de peau de crocodile de Siam, en voie de disparition, pour dénoncer le braconnage dont cette espèce est victime. Et voilà que 71 000 personnes partagent cette image en criant au génie. Fort de son statut de lieu qui «préserve» (comme, ailleurs, les prisons et les hôpitaux psychiatriques), le zoo se permet de faire la leçon.
London zoo not pissing around pic.twitter.com/C9cxoDCba2
— T🍅M (@sleepy_homo) August 1, 2022
Mais rien ne fout plus le cafard qu’un zoo. Cette mélancolie est palpable dans le regard suppliant du singe. Dans l’absence d’intimité des lynx, des vipères, des tatous, des fourmis. Le zoo est le lieu ultime du spectacle de la domination de l’humain sur le règne animal. Le contrat est clair : vivez, et divertissez-nous. Animaux encagés, enchaînés dans votre existence sans but, montrez-nous comment vous respirez, dormez, mangez, crottez, comment vous vous reproduisez, pour notre seul plaisir, voyeur, avide, permanent, sans fin. Même les enfants jouent le jeu. Ils savent que leurs parents ont payé cher pour qu’ils s’amusent, qu’ils s’ébahissent, alors ils disent : «Wow», «stylé», «ouf», «trop mignon». Il «faut» qu’ils aient cette réaction, sinon la fête est gâchée.
Mais ce qui gâche vraiment la fête, c’est l’existence même du zoo. Où l’on peut nourrir les gorilles, les manchots et les singes, des «expériences» réellement proposées au parc zoologique de Londres. Parce que s’occuper des animaux sau