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A la table des vivants et des morts : quand la cuisine console

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Les ouvrages «Comme à la maison», de Diane Dupré la Tour, et «la Cuisine de la consolation», de Stéphanie Schwartzbrod, deux autrices invitées au Festival du livre gourmand de Périgueux, montrent comment la cuisine peut être à la fois rituélique et réconfortante, tout en tissant d’étranges liens avec le royaume des morts.
La cuisine pourrait s’avérer consolatoire alors même que, pour tant de gens confrontés à une épreuve, l’appétit ne vient pas ou plus. (Anaîs Boileau/Libération)
publié le 15 novembre 2024 à 3h02

Ne vous fiez pas à la couverture du livre de Diane Dupré la Tour Comme à la maison (Actes Sud, mai 2024), sur laquelle on discerne une cuillère en bois percée d’un cœur qui dépasse de la poche d’un tablier bleu. A première vue, on pourrait s’imaginer qu’il s’agit d’un récit réconfortant sur les bienfaits de la cuisine «maison», ou d’un livre poétique sur des souvenirs de famille. Que nenni : le texte de cette cuisinière qui a cofondé «Les Petites Cantines», un réseau de restaurants participatifs, à Lyon, en 2016, est d’une profondeur folle et tisse sa toile à partir d’un événement insoupçonnable. L’autrice, présente au Festival du livre gourmand de Périgueux pour une table ronde le samedi 16 novembre, commence par y raconter la création de ce restaurant de quartier, l’économie de son entreprise qui repose sur le prix libre, la confiance qu’elle a dû acquérir pour accueillir des cuistots d’un jour, ou encore l’art de partager une grande tablée. Jusqu’ici, tout va bien.

Le livre pousse brusquement une porte intérieure et bascule vers une dimension autre, intime. Autrefois journaliste pour la presse économique, Diane Dupré la Tour s’est retrouvée à changer radicalement de vie après un événement tragique. Sans trop divulgâcher, elle y raconte l’emprise d’un mari violent, qui la vide de sa substance vitale jusqu’à une dépression sévère. Ses enfants sont tourmentés, elle est malheureuse, elle hésite à le quitter, se décide enfin à lui annoncer qu’elle rompt. Le surlendemain,