Les cagettes d’oranges s’amoncellent dans l’entrée du local. Dans la rue, les adhérents vont et viennent, certains les bras chargés d’agrumes, d’autres munis d’un diable maintenant en équilibre plusieurs plateaux empilés. Devant le garage, un homme aux cheveux grisonnants entrepose avec soin des oranges dans son coffre de deux-roues pendant qu’une jeune femme met de côté des «cagettes suspendues», des dons qui iront à des associations faisant des maraudes. A Marseille, ce joyeux spectacle s’observe une poignée de fois par an, à la Casa Consolat, lieu associatif et cantine participative, et à la brasserie artisanale Zoumaï. Avec son millier d’adhérents répartis en une centaine de groupes, Pulpe Fiction est un groupement d’acheteurs solidaires qui se retrouvent chaque mois, entre octobre et mai, pour s’approvisionner en agrumes en direct de producteurs siciliens.
Le fonctionnement est simple : quelques semaines après l’envoi d’un bordereau de commande rempli ensemble, les membres ont rendez-vous au pied du camion pour récupérer plusieurs tonnes (sept, ce jour-là) d’agrumes qui ont voyagé en cargo depuis le sud de l’Italie. «L’idée, c’est de faire collectivement l’expérience d’une autre manière de s’alimenter», explique Rodolphe Raphael, président de l’association. Sans intermédiaire, le système en circuit court est plus intéressant pour tout le monde : «2,14 euros le kilo de sanguinello, c’est pas cher pour une orange d’une telle qualité… Et quand on sait que ç