Il y a des bouquins de recettes qui ne disent pas grand-chose d’autre que des tendances culinaires du moment ou des envies de l’époque – cuisiner vite, manger sain, éviter de gaspiller, boire moins alcoolisé… Et il y a des livres comme celui que s’apprête à publier, le 11 octobre, Annabelle Schachmes, qui rappellent que cuisiner est fondamentalement un acte culturel. Le lecteur inattentif pourrait ne voir dans son ouvrage (1) qu’une compilation de recettes issues des délis et échoppes de bouche juifs new-yorkais, mais ce serait passer à côté de la quête mémorielle, que l’on devine en filigrane, de la journaliste et autrice culinaire. «Je me suis rendu compte, en travaillant sur mes autres livres, que l’histoire de la cuisine juive, en particulier ashkénaze, avait un peu disparu en Europe», nous explique-t-elle, illustrant son propos par une anecdote : un jour, dans une boulangerie polonaise, Annabelle Schachmes avise une hallah, ce pain brioché traditionnel du shabbat, et demande à la vendeuse si elle propose d’autres pains ou pâtisseries juives. Réponse incrédule de la commerçante : «Mais, madame, la hallah est polonaise, absolument pas juive !»
«Oublier l’histoire»
«Quand j’étais enfant, mon grand-père m’a dit “Sois vigilante toute ta vie de ne pas oublier l’histoire”, je pense que cette phrase a construit l’adulte que je suis», reprend-elle. Ces temps-ci, les