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«A nous de résister, le combat n’est pas perdu !» A Paris, les bistrotiers veillent au grain face aux coffee-shops

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Expresso au comptoir d’un côté, macchiato onéreux dans une déco chiadée de l’autre : dans la capitale, le café est au cœur d’une bataille culturelle entre les bistrots à l’ancienne et les coffee-shops importés des pays anglo-saxons, de plus en plus nombreux.
A la Cagnotte, Farid prépare un crème (et non un latte). A Paris, le 31 mars 2025. (Ava du Parc/Libération)
par Juliette Deborde et photo Ava du Parc
publié le 12 avril 2025 à 11h09

En une poignée d’années, il les a vus fleurir aux alentours. Charly, 50 ans, dont la moitié passée derrière le comptoir de la Cagnotte, sur les hauteurs de Belleville, est aux premières loges de la gentrification du quartier. Dans ce coin de l’est parisien, à cheval entre les XIXe et XXe arrondissements, on compte au moins cinq coffee-shops sur quelques centaines de mètres. Charly regarde mi-intrigué mi-amusé ces nouveaux voisins, à la déco épurée et à la carte alambiquée. Pas de quoi perturber l’institution du quartier, à l’ambiance dans son jus, avec comptoir en bois patiné et clientèle d’habitués. Dès 8 heures du matin, on vient y boire un café noir au comptoir, à 1,10 euro, avant de s’attabler, à l’heure de l’apéro, sur la large terrasse, ce jour-là pleine à craquer. «Je veux que le café ne soit pas cher pour que des gens de tous horizons continuent de venir, déroule le taulier à l’air bonhomme, entre deux poignées de mains aux clients. Au comptoir, on se connaît, on se parle…. C’est là où ça se passe !» Et quand un client lui demande un latte, «je réponds en rigolant qu’on ne parle pas la même langue, et je lui fais un crème !»

D’Amsterdam à Madrid, de Lille à Marseille, le coffee-shop, importé des pays anglo-saxons, est devenu un point de repère de tout centre-ville gentrifié. Depuis 2010, leur