C’est ce qu’on appelle aller à contre-courant. Alors que les campagnes de santé publique ne cessent d’alerter sur la nécessité de modérer sa consommation d’alcool (pas-plus-de-deux-verres-par-jour-et-pas-tous-les-jours), voilà que la filiale brésilienne de Burger King, géant du fast-food né en 1953 en Floride (Etats-Unis), s’est offert un coup de publicité en montant l’opération «Hangover Whopper» (le Whopper – le burger phare de la marque – de la gueule de bois, en français), qui consiste à proposer, jusqu’au 2 janvier, des réductions proportionnelles au niveau de gueule de bois de ses clients.
La procédure est simple : vous vous réveillez avec un mal de crâne plus ou moins monstrueux et l’estomac en vrac. Au lieu de sortir faire une promenade revigorante ou de vous concocter un petit bouillon requinquant, vous vous connectez sur l’application de Burger King, où vous téléchargez un selfie. Grâce à un système de reconnaissance faciale, l’appli évalue prétendument votre niveau de gueule de bois (évidemment, on ne sait rien des critères sur lesquels elle se base pour déterminer si vous êtes au niveau 1, 2 ou 3) et vous offre en conséquence des bons de réductions si vous commandez un Whooper, un Whopper Double ou un Whopper Jr. Double. Elle vous suggère au passage la taille de menu qu’elle juge nécessaire pour éponger.
Un tas de données sur les clients
«L’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale combinée à l’humour créera une nouvelle connexion amusante avec les consommateurs», a vanté dans un communiqué cité par le site Hitek.fr Icaro Doria, le coprésident et directeur de la communication de DM9, l’agence sollicitée pour réaliser cette campagne. Sous des dehors ludiques, la marque réalise là une opération maline, puisqu’elle récolte ainsi un tas de données sur ses clients et s’offre au passage une campagne à pas cher, les consommateurs étant incités à faire les hommes-sandwichs en postant leurs selfies sur les réseaux sociaux.
On imagine mal voir une telle opération en France, où la loi Evin limite les possibilités de promouvoir l’alcool et sa consommation. Présent dans une centaine de pays, Burger King, qui avait fait une incursion en France avant de plier bagage en 1997 et d’y revenir en 2013, n’a d’ailleurs, pour l’instant, pas étendu cette offre à d’autres pays. L’histoire ne dit pas si des consommateurs qui n’étaient pas en gueule de bois mais avaient juste une sale tronche sont parvenus à obtenir des réductions.