Notre principal critère, enfant, pour décider de la qualité d’un repas au restaurant consistait en deux points plus que basiques : y avait-il un banana split à la carte et nos parents nous avaient-ils permis de le commander ? Si la réponse était doublement oui, alors on avait passé un excellent moment. Pour le premier critère, ce n’était pas rare : le dessert était à l’époque ce que sont le tiramisu et la panna cotta aujourd’hui, un incontournable des restaurants milieu de gamme.
Le deuxième point était plus ardu : il fallait toujours sacrément argumenter pour convaincre nos géniteurs que, «oui, bien sûr, on a encore faim malgré la pizza que l’on vient déjà d’engloutir». L’arrivée d’un petit frère fut de ce point de vue là une aubaine : il permettait de proposer de partager (plus ou mois équitablement).
De nos yeux de gamin, que cela soit aussi la chanson de Lio préférée des pédocriminels n’avait aucune importance. Le banana split représentait l’absolu, notre Xanadu, la générosité personnifiée, l’addition gagnante de tous les plaisirs : le chaud, le froid, l’aérien, des boules de glace, vanille, fraise, chocolat pour la douceur, une banane pour le quota de fruits, le chocolat fondu pour le goût, la chantilly pour s’envoler dans les nuages. Chaque cuillère permettait une combinaison de goûts différents, comme autant de voyages. Seule la forme en bateau de la coupe pouvait être plus grande que notre sourire.
Rêve américain
On ignorait alors que ses origines étaient controversées. Deux villes am