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«Better Food for Our Fighting Men»: malaise dans la ration

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La cerise sur la photodossier
L’iconographe et collectionneur d’images Matthieu Nicol publie une sélection de photographies des rations militaires de l’armée américaine entre 1969 et 1993, témoignant d’une esthétique de la douceur au sein d’une machine de mort.
Matthieu Nicol choisit 92 images sur un corpus de 14 000, reprend la photogravure, repense le cadre, et construit un livre inquiétant autour de rations et ceux qui les préparent, les testent et les consomment. ( U.S. Army)
publié le 23 septembre 2022 à 11h31

Matthieu Nicol est un chercheur, collectionneur d’images et amateur de photographies «pauvres». Obsédé par les images d’amateur à visée documentaire, il se passionne pour les clichés pris sans effort esthétique, sans notion d’auteur, produits en masse, faits pour circuler et informer. Mais «cette photographie vernaculaire, qui traverse toute l’histoire de la photographie, cache toujours un point de vue», pense Matthieu Nicol. Parmi ses nombreuses collections, son compte Instagram Vintage Food Photography met bout à bout d’hilarantes photographies tirées des livres de cuisine aux couleurs compassées, où la nourriture est mise en scène de façon kitsch et joyeuse, abondante, décomplexée.

L’attrait pour la nourriture est comme un caillou dans sa chaussure d’iconographe. En cherchant sur le Net et ailleurs, Matthieu Nicol tombe sur une mine : des images d’archives de l’U.S. Army’s Natick Soldier Research, Development and Engineering Center, un centre de recherche près de Boston, au Massachussets, qui dévoile de façon méthodique des photographies des rations militaires des soldats américains entre 1969 et 1973. «Ces archives venaient d’être déclassifiées, elles sont donc accessibles à tous. Mais il faut chercher, classer, retoucher…»

Il choisit donc 92 images sur un corpus de 14 000, reprend la photogravure, repense le cadre, et construit un petit livre inquiétant et étrange autour