Le 28 juin 2019, la vigneronne Catherine Bernard a assisté à la disparition d’une grande partie de son vignoble après une canicule extrême dans le Languedoc. Ses raisins avaient été comme brûlés par un «coup de chalumeau», disparus en quelques minutes. «La pensée m’a traversée que c’était là l’annonce de la fin de l’ère climatique que nous connaissons, la manifestation de la limite de l’hospitalité de la terre», écrivait-elle dans le Huffington Post en juillet 2019, une tribune qui a été largement relayée depuis. C’était sans se douter que la situation s’aggraverait davantage. En 2022, bis repetita : «les carignans sont foutus», se désole la vigneronne après un troisième été catastrophique.
Catherine Bernard, qui n’a pas toujours été vigneronne (elle a été un temps journaliste à Libération) ne fait que constater, depuis dix ans, la lente dégradation de son vignoble où poussent, entre autres, du carignan, du mourvèdre, du marselan, du cinsault, du grenache et du terret blanc. Ses vins, d’une fraîcheur admirable pour la région, sont le fruit d’un immense travail en agriculture biologique et biodynamique qu’elle réalise avec son fils, Nicolas Allain. Depuis trois ans cependant, ses vignes accusent le coup : entre gel, sécheresse et mildiou, elle perd chaque année une partie de sa production : 80 % en 2018, et 50 % en 2019, 2020 et 2021. Après la canicule de 2019, Catherine Bernard aurait pu décider de jeter l’éponge et de retourner dans la Loir