L’Artusi est entré dans notre cuisine. Sur l’étagère des icônes de la littérature culinaire. A droite des fourneaux. Juste au-dessus du moulin à poivre octogénaire et de la planche à découper mâchurée par les coups de surin. Couverture en toile cirée rouge, dos carré, 784 pages, 790 recettes de la cuisine italienne. Du bel ouvrage que l’on doit à Sabine Bucquet-Grenet, la taulière des éditions de l’Epure, avec la complicité de Laurence Chéné, directrice artistique. On vous voit venir, vous allez nous dire, nous les Français, on a aussi notre bible gastronomique avec le Guide culinaire d’Auguste Escoffier (1846-1935), le père de la cuisine moderne. Vous allez rire, mais on a aussi surnommé Pellegrino Artusi (1820-1911) «l’Escoffier de la Botte». Pourtant, ce n’était pas gagné quand, à l’âge de 71 ans, il décide de publier la Science en cuisine et l’Art de bien manger rassemblant 475 recettes collectées au cours de ses nombreux voyages ou proposées par des amis. Aucun éditeur ne veut de cet ocni (ouvrage culinaire non identifié). Ce dilettante, bec fin et cultivé, est obligé de casser sa tirelire, au demeurant bien remplie, pour publier son livre écrit avec une plume trempée dans l’ironie, l’humour, l’érudition et truffé d’anecdotes.
L’Artusi se lit aussi bien au-dessus de la cocotte en fonte noire (prenez garde aux taches de gras sur les pages) qu’allongé sur le canapé à côté de la bibliothèque. Il tient aussi bien du bon livre de bectance que du ro