Dans une autre vie, on aurait voulu être un poulet de Bresse élevé par Rachel Roussel-Voisard en sa ferme située à Lamare, un hameau perdu dans un petit coin de la Bresse jurassienne. On aurait picoré l’herbe encore bien verte en cette fin d’automne. On aurait trottiné le croupion en l’air le long des haies, on se serait chamaillé avec nos congénères et on aurait dodeliné de notre crête bien rouge mi-curieux mi-peureux face au visiteur. Et qui sait, on aurait peut-être remporté un prix d’honneur aux Glorieuses de Bresse, concours indéniablement plus passionnant que les Miss France.
Tous les ans, depuis 1862, en décembre, les éleveuses et éleveurs de l’appellation d’origine protégée (AOP) «volailles de Bresse» se retrouvent en quatre lieux différents pour présenter leurs plus beaux spécimens. C’est littéralement du cousu main puisque après abattage, les poulardes et chapons sont plumés manuellement, lavés, enveloppés dans une toile végétale très fine pour protéger leur peau. Cette toile est assemblée comme un corset et serrée très fortement. C’est un peu l’ancêtre du sous-vide puisque cette technique ancestrale permettait à l’origine d’assurer une meilleure conservation. Elle a été gravée dans le cahier des charges de l’AOP car elle optimise la sapidité des chairs. On ne rigole pas avec les critères qui doivent dépar