Le millésime 2023 a déjà un nom : «Grand vin de garage». L’an dernier, il s’appelait «Bel Esprit» : «On avait un vendangeur qui était ravagé par le speed et l’alcool et qui répétait constamment : ‘‘bel esprit, bel esprit’’ à chaque fin de phrase. Quand on lui a montré l’étiquette quelques mois plus tard, il était super content !» raconte le vigneron Victor Magimel, 32 ans, dans son garage-chai de Lagrasse (Aude). «Au départ, cette histoire de vin pirate, c’était rien que pour s’amuser. On passait tous les jours devant cette parcelle de vignes abandonnées, et à un moment on s’est dit : et si on la vinifiait ?» Son colocataire et co-pirate de vignes, Nathan Delaunay, 23 ans, enchaîne : «Le terrain appartient à un promoteur immobilier. On a cherché à qui étaient les vignes, mais personne ne savait, même le promoteur ne le sait pas, et personne n’en veut.»
Rien de bien méchant, donc, à l’idée de vendanger des grappes oubliées, à une condition légale : que les bouteilles issues de la cueillette soient offertes et non vendues. «On a fait 300 quilles l’an dernier, et les gens nous ont dit que c’était bon, qu’ils adorent le projet… On n’avait pas l’intention de devenir vignerons indépendants mais voilà, un an plus tard, on a un chai et des cuvées à nous !» Car en plus des carignans grappillés pour leur «Grand vin de garage», le duo achète aussi du raisin bio pour vinifier d’autres cuvées bien à eux, dont un blanc appelé «J’ai jamais vu l’océan». «On a t