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Georgiana Viou, cheffe étoilée : «Je fais une cuisine qui vient de l’âme»

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Première femme africaine sacrée d’une étoile Michelin en 2023, ­l’ancienne finaliste de «Master Chef» revendique une cuisine franche et élégante, mélange de cultures entre le Bénin et la Provence où elle est installée.
La cheffe Georgiana Viou à Nîmes, le 4 juin. (Alexa Brunet/Libération)
par Emilie Laystary, Envoyée spéciale à Nîmes (Gard) et photo Alexa Brunet
publié le 7 juin 2025 à 12h09

Le regard est franc et déterminé. Nette et rapide, la gestuelle trahit une énergie débordante. La première fois que l’on a passé du temps avec Georgiana Viou, c’était en cuisine. En plein cœur du réacteur, à une heure où il a fallu se concentrer pour envoyer une centaine d’assiettes lors de l’événement «Cheffes !» en avril à la Friche la Belle-de-Mai, à Marseille, auquel on avait été invitée à participer en tant que commis d’un soir. Un brin autoritaire, la cheffe béninoise de 48 ans nous avait donné l’ordre d’éplucher les bananes plantain un peu plus vite. On s’était demandé comment diable augmenter la cadence alors qu’on avait déjà l’impression d’être à notre maximum, mais on a obéi.

«En cuisine, j’ai un côté “mère de famille”. Je suis avec mes équipes comme avec mes enfants : un peu dure parfois mais très protectrice. Je suis exigeante car j’attends d’eux qu’ils soient ponctuels, attentifs, rigoureux, mais on peut aussi rigoler», concède-t-elle. Elle analyse : «Au début de ma carrière dans la restauration, je ne voyais mes enfants qu’à l’occasion des vacances. Ça a dû jouer sur ma manière de gérer une brigade.» En 2010, le grand public la découvre à travers Master Chef, dont elle est finaliste. Sans lui offrir la voie royale, l’émission propulse sa personnalité solaire. La suite est pavée de rencontres : les chefs Lionel Lévy, Sylvain Sendra et «Hissa» Takeuchi, chez qui elle se forme. En 2011, elle ouvre l’Atelier de Georgiana, p