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Gratuivorisme: «C’est refuser de payer pour manger, c’est-à-dire pour vivre»

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Glanage, cueillette sauvage, invendus... Le freeganisme, qui permet de manger gratuitement dans les milieux urbains, questionne notre rapport collectif à la nourriture. En France, du «dumpster diving» au jardinage collectif, ses adeptes tentent d’éduquer sur la pratique.
Christophe de Hody, «herbaliste et botaniste de terrain», ici en 2017, forme des cueilleurs aux récoltes d'aliments en ville. (Patrick Kovarik/AFP)
publié le 18 juillet 2022 à 7h02

Pourquoi la nourriture devrait-elle être payante ? Avec cette question simple, les réponses des adeptes du «freeganisme», ou «gratuivores», nous invitent à repenser entièrement notre rapport à la consommation et, plus globalement, à la terre et au vivant. En remettant en cause ces habitudes si ancrées, qui consistent à nous alimenter en déambulant dans des allées de supermarché et en «cueillant» ce qui est à notre portée selon nos revenus, les freegans soulèvent une question politique majeure : si l’éducation, l’énergie, les transports, la santé ont pu faire l’objet, en tant que besoins fondamentaux, d’une prise en charge étatique (quoique constamment mise à mal), pourquoi la nourriture, besoin le plus primaire de tous, devrait-elle faire l’objet d’une quête individuelle ? Pourquoi n’avons-nous pas réussi à mutualiser les ressources, les outils de production et de transformation des aliments pour faire de l’alimentation un combat collectif ?

«Le freeganisme, c’est bien plus vaste que de juste fouiller dans les poubelles à la sortie des supermarchés, explique Dalie Giroux, professeure à l’Ecole d’études politiques de l’université d’Ottawa, spécialiste de l’anarchisme. C’est un horizon politique où il s’agit de refuser, de toutes les manières possibles, y compris par la révolte, de payer pour manger, c’est-à-d