Pourquoi la nourriture devrait-elle être payante ? Avec cette question simple, les réponses des adeptes du «freeganisme», ou «gratuivores», nous invitent à repenser entièrement notre rapport à la consommation et, plus globalement, à la terre et au vivant. En remettant en cause ces habitudes si ancrées, qui consistent à nous alimenter en déambulant dans des allées de supermarché et en «cueillant» ce qui est à notre portée selon nos revenus, les freegans soulèvent une question politique majeure : si l’éducation, l’énergie, les transports, la santé ont pu faire l’objet, en tant que besoins fondamentaux, d’une prise en charge étatique (quoique constamment mise à mal), pourquoi la nourriture, besoin le plus primaire de tous, devrait-elle faire l’objet d’une quête individuelle ? Pourquoi n’avons-nous pas réussi à mutualiser les ressources, les outils de production et de transformation des aliments pour faire de l’alimentation un combat collectif ?
«Le freeganisme, c’est bien plus vaste que de juste fouiller dans les poubelles à la sortie des supermarchés, explique Dalie Giroux, professeure à l’Ecole d’études politiques de l’université d’Ottawa, spécialiste de l’anarchisme. C’est un horizon politique où il s’agit de refuser, de toutes les manières possibles, y compris par la révolte, de payer pour manger, c’est-à-d