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Halloween, Saint-Nicolas, Noël, la Chandeleur… A qui profite le rite ?

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Tu mitonnes !dossier
A l’approche des fêtes de fin d’année et avec l’importation des célébrations américaines, le calendrier est de plus en plus lourd. Une opportunité commerciale mais aussi la preuve de l’importance du rituel dans une société minée par l’individualisme.
Au marché de Noël d'Amiens dans le nord de la France. (Stephane Bouilland/Hemis via AFP)
publié le 1er décembre 2023 à 11h47

Cette semaine, on était sur la route pour Libé. La route. Pas l’autoroute. Sur des départementales au milieu des plaines désolées et des forêts qui finissent de se déplumer. On a traversé des villages avec leurs inévitables ronds-points. Le plus souvent dortoirs désertés par celles et ceux qui angoissent quand défilent à la station-service les euros de l’essence pour aller bosser à 10, 20 kilomètres et plus. On a tout de même croisé quelques vaillants seniors en train de tailler des haies comme à Versailles ou de rentrer le bois de chauffage du jour.

Mais surtout, on a halluciné à la vue de la flopée de pancartes annonçant des marchés de Noël à venir. On aurait pu grincher comme d’habitude sur les vautours de l’artiche venus vendre leurs guirlandes, leurs bougies qui puent et toute la quincaillerie des fêtes de fin d’année dans le plus petit bled où l’on n’a pas besoin des cargaisons des porte-conteneurs chinois pour se prendre une mufflée au vin chaud – essayez au blanc, c’est meilleur qu’au rouge.

Enfance perdue

Non, ce qui nous a plongé dans un abyme de gamberges aussi fourni qu’un vol de corbeaux au-dessus des labours, c’est que toutes ces manifestations bigarrées, enrubannées de babioles mais qui vous laissent aussi un peu triste avec le souvenir de l’enfance perdue, renvoient peu ou prou à des rituels célébrés par les uns, ignorés, voire méprisés par les autres.