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Libération
Série d'été

J’ai détesté pour vous : le bar prison

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«Libé» a envoyé les plus rageux de ses journalistes en reportage dans leur pire cauchemar. Garanti 100 % mauvaise foi (4/6). Aujourd’hui, on boit un verre derrière les barreaux.
(Simon Landrein/Liberation)
publié le 30 juillet 2024 à 17h38

Ça commence par un regard noir et une combinaison orange jetée brusquement entre les mains. «Vous la mettrez plus tard !» aboie l’homme qui nous a ouvert la porte et informé de notre «placement en garde à vue». Déguisé en gardien de prison à la mode américaine (pantalon noir, chemise kaki, talkie-walkie), l’acteur donne la réplique à la vingtaine de personnes venues, se faire «enfermer» avec moi. Car, oui, tous les gens présents aujourd’hui dans ce couloir sombre nimbé d’une musique inquiétante le font volontairement. Ils ont même payé pour ça : 49,50 euros par tête. Presque 50 balles pour vivre l’«expérience immersive théâtrale insolite et rocambolesque» d’être incarcéré, comme on peut le lire sur le site internet de Perpette, cet endroit à mi-chemin entre le bar et l’escape game.

Le concept, comme on dit, est aussi douteux que flou. Les clients sont les détenus d’une prison dans les années 60, au milieu d’une période de prohibition de l’alcool. Ils sont là pour un créneau d’une heure et demie, payable d’avance en ligne. Je suis venu avec ma petite sœur, qui a vu l’endroit tourner sur TikTok et me l’avait signalé, horrifiée, au moment de son ouverture cet hiver. Autour de nous, à peu près tous les âges. Un couple de quinquagénaires joyeux, trois jeunes filles qui ont fait la surprise à leur meilleure amie, et des trentenaires parisiens passe-partout, genre jeunes cadres dynamiques. «Soyez sages, nous ordonne le maton. Et si vous souhaitez aller