Tout ça, c’est encore la faute de Manu, notre coturne de «Tu mitonnes». Voilà t’y pas que l’autre jour, il nous parle d’un gonze qui élève des lapins. On s’attend à ce qu’il nous cause d’un vieux cheval de retour qui s’en retourne toujours au terrier ; d’un Raboliot vosgien, spéléologue de la rabouillère des garennes, d’un Vatel local expert en lièvre à la royale.
Grand béret
Que nenni ! Le Manu qu’est jamais avare de sympathie et de curiosité a fait la connaissance d’un garçon de 17 ans, inimitable dans sa tenue d’ado farmer avec son grand béret, sa paire de bretelles sur sa chemise à carreaux. Adrien qu’il s’appelle, il est apprenti boucher. Eh bien figurez-vous que ce représentant de la «génération Z», comme ils disent maintenant, élève des lapins dans des clapiers posés à côté de son fumoir où il bichonne son lard. C’est du réel, pas du virtuel comme dans les jeux de simulation d’élevage sur ordinateur. Je vous dis pas le jet-lag des années quand on a appris cette histoire. Un grand ado qui élève des lapins comme le faisait le Vieux qui aurait aujourd’hui l’âge canonique d’être son arrière-grand-père.
Monstres sacrés
Alors tout est revenu, un peu, toute proportion gardée, comme dans Je me souviens (1) de l’écrivain Georges Perec (1936-1982) qui évoquait : «Des petits morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle année, tous les gens d’un même âge ont vues, ont vécues, ont partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées ; elles ne valaient pas la peine de faire partie de l’Hi