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Tu mitonnes

La fondue sans la neige

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Tu mitonnes !dossier
Chaque jeudi, on se retrouve en cuisine pour concocter des mets de saison. Aujourd’hui, on trempe le pain dans le caquelon de fromage fondu à défaut de chausser les skis.
(Emmanuel Pierrot/Libération)
par Jacky Durand et photo Emmanuel Pierrot
publié le 22 février 2024 à 10h24

On quitte Belfort sous un ciel gris métallique. D’ailleurs, dans la légende familiale, on ne dit pas Belfort mais «la trouée de Belfort», tant ce corridor entre les Vosges et le Jura, entre les vallées du Rhin et du Rhône a été le théâtre de guerres depuis un bail : guerre de Trente Ans au XVIIe siècle, sièges en 1814-1815 durant la campagne de France par les troupes bavaroises, autrichiennes et russes, en 1870-1871 durant la guerre franco-prussienne, bombardée durant la Première Guerre mondiale, combats acharnés pour la libération de la ville à l’automne 1944. Dans la nuit du 24 au 25 novembre, les derniers soldats allemands quittent la citadelle à laquelle Vauban a apporté sa pierre en 1675.

Lion de Belfort

Belfort a toujours regardé vers l’Est, d’où venaient les évasions. Sauf son lion emblématique de la résistance de la ville assiégée par les Prussiens en 1870, sculpté par Auguste Bartholdi (1834-1904), le père de la statue de la Liberté à New York. «La construction de la sculpture n’a pas échappé au gouvernement d’outre-Rhin et le chancelier Bismarck, vainqueur de la guerre et unificateur de l’Allemagne, proteste contre l’idée que le Lion de Belfort soit placé face à son pays comme un signe de défi. Pour calmer les esprits, Bartholdi positionnera donc son fauve dos à l’Allemagne, comme pour mieux la dénigrer», écrit Aurélien Delahaie sur le webmagazine culturel Coupe-File Art. Cent cinquante ans plus tard, la guerre est encore là, à l’Est, à peine à 2 000 kilomètres, en Ukraine.