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Gastronomie

La mostarda, un confit plein d’intérêt

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L’atelier familial Luccini à Cicognolo en Lombardie confectionne depuis deux décennies ce mets italien composé de fruits confits dans du sucre. Son goût piquant se marie parfaitement avec de la viande.
Plat de mostarda avec de la viande, sur une table milanaise en janvier. (Martina Giammaria/Libération)
par Luca Endrizzi et photo Martina Giammaria
publié le 11 mars 2023 à 9h40

Avis aux gourmets amateurs d’Italie : la «mostarda» et la moutarde ne correspondent pas au même produit ! De l’autre côté des Alpes, la moutarde de Dijon prend le nom de la plante dont on tire les graines de moutarde, soit en italien senape (prononcer «sènapé»). Si vous voulez accompagner une viande, un sandwich ou un autre mets avec de la moutarde semblable à celle de Dijon, vous demanderez donc de la senape. Ne vous aventurez pas dans une périlleuse traduction littérale, vous pourriez tomber dans l’un de ces pièges qu’on appelle «faux amis». Des mots qui sonnent et qui s’écrivent presque pareil, mais qui correspondent à tout autre chose : il y en a beaucoup dans les langues néolatines. La mostarda, dans la Botte, c’est justement tout autre chose : en l’occurrence il s’agit de fruits, pommes, ananas, poires, cerises et autres figues, transformés par une procédure aussi lente qu’ancestrale.

«Les fruits gardent intacts leur forme et leur aspect»

Pour en avoir le cœur net on s’est rendu à Crémone, ville du sud de la Lombardie, berceau du luthier Antonio Stradivarius et… de la mostarda. C’est en effet dans cette cité riche et placide, bordée par le Pô, le plus important fleuve italien, que la mostarda a trouvé son berceau, il y a quelques siècles. «La première fois qu’on trouve ce produit dans un document écrit, c’est dans un livre du chef de la cour de Liège, Lancelot de Casteau, qui est édité en 1604», raconte Giuseppe Luccini, propriétaire d’une petite entreprise qui produit, depuis une vingtaine d’années, de