Rimbaud vient de prendre ses quartiers d’hiver dans le Sud. Avec Jimi, son chien-loup tchèque, il a quitté le pays d’Ardennes en s’accrochant à des trains de fret. Au mieux planqués sous des bâches. Ils ont eu froid, ont pris la flotte, redouté d’être découverts dans les gares de triage. Mais Rimbaud, toujours en manque de voyage, s’est enivré du vacarme et de la tempête de grand air de cette odyssée entre friches industrielles et nœuds ferroviaires. Il a serré très fort Jimi dans l’obscurité d’interminables tunnels. Il lui a dit qu’ils étaient des hobos, ces voyageurs clandestins des trains américains qu’il a découverts en lisant la Toute de Jack London. Des copains lui aussi ont aussi raconté l’histoire des roads dogs, des mecs sillonnant l’Europe en passant les frontières clandestinement, à bord de trains de marchandise et dont la devise est «In the zone, under the radar and off the grid».
La semaine dernière
Rimbaud a attendu le bateau en dormant tout son saoul sur la plage la tête sur son vieux sac à dos Karrimor violet contenant tous ses biens du moment : un gros savon de Marseille, un sac de couchage, un paquet de riz, un tube de concentré de tomate, un autre d’harissa, un petit sac de sel, une bouteille d’huile d’olive, une gourde, son couteau de pêche, une boîte de Doliprane, des croquettes pour le chien au cas où il ne trouve pas de quoi becqueter da