Elle est notre rayon de soleil sur les papilles de l’hiver. Quand on traverse le marché, tous les matins, on ne peut s’empêcher de picorer un quartier de clémentine sur un étal et, souvent, d’en acheter une poignée. Car l’ado et son daron en sont grands consommateurs à toute heure. Au petit-déjeuner avant le premier café. Dans la matinée comme un petit en-cas revigorant. Au déjeuner de 13 heures pour se rafraîchir l’haleine calamistrée par un fieffé munster qui embaume tout le cagnard. A minuit, un dernier quartier pour la route pour inspirer des rêves levantins.
Frère Clément
On aime caresser la clémentine quand on l’emporte au fond de la poche de la vieille veste M43. C’est comme une petite boule de chaleur dans notre main qui rappelle l’enfance. Et, parfois, au sortir du métro, il nous arrive d’aller nous asseoir sur un banc public pour déguster lentement la benjamine des agrumes en bayant aux corneilles. La clémentine (Citrus clementina) doit son nom à un homme d’église, frère Clément Vital-Rodier (1839-1904), chef de culture de l’orphelinat de Misserghin, en Algérie. En 1900, il sème des graines de mandarinier et découvre dans sa plantation un arbre complètement différent des autres qui donne des fruits plus précoces, sucrés et plus acidulés avec une écorce très fine, dont les enfants de l’orphelinat raffolent. Il s’agirait du premier clémentinier, né d’une hybridation naturelle entre une mandarine et une orange. Le fruit, grâce à sa saveur douce, sa chair sans pépin et sa longue période de commercialisation, se popularise très vite sur les côtes méditerranéennes (Espagne, Maroc, Italie, etc.). En 1925, la Corse plante ses premiers clémentiniers.
La recette de Mireille Sanchez
Pour célébrer la clémentine, on vous propose de cuisiner ce week-end un tajine de poulet, déniché dans Méditerranée, voyage dans les cuisines de Mireille Sanchez (1) dont on a déjà dit grand bien.
Pour 6 personnes, il vous faut 6 clémentines ; 200 g d’échalotes ; 6 cuisses de poulet ; 1 cuillère à soupe d’huile ; 2 cuillères à café de coriandre en poudre ; 2 cuillères à café de cumin en poudre ; 2 cuillères à café de gingembre en poudre ; 2 cuillères à café de paprika en poudre ; le jus d’un citron ; 2 cuillères à café de miel clair ; 60 cl de bouillon de légumes ; 1 cuillère à soupe de graisse de canard ; 1 cuillère à soupe de coriandre hachée ; 2 cuillères à soupe de graines de sésame grillées ; du sel et du poivre noir.
Pelez et coupez les clémentines en quartiers. Pelez et émincez les échalotes. Dans une cocotte en terre ou en fonte, mettez les cuisses de poulet à dorer avec l’huile et les échalotes 4 à 5 minutes. Ajoutez la coriandre en poudre, le cumin, le gingembre et le paprika, remuez avec une cuillère en bois. Ajoutez le jus de citron et le miel, salez et poivrez au goût, mélangez bien. Portez à ébullition, baissez à feu moyen, versez le bouillon de légumes, laissez mijoter 25 à 30 minutes, jusqu’à ce que la viande soit très tendre. Faites chauffer une cuillère à soupe de graisse de canard dans une poêle, ajoutez les quartiers de clémentine. Faites-les frire 2 à 3 minutes ou jusqu’à ce qu’ils commencent à dorer. Ajoutez-les dans la cocotte, poursuivez la cuisson 15 minutes, puis saupoudrez de coriandre hachée et de graines de sésame grillées. Servez avec une purée de pommes de terre ou de céleri-rave, ou du couscous.
(1) éditions de la Martinière, 55 euros, 2022.