Sabrine enchaîne la même chorégraphie tout au long du ramadan. Elle enfile son long tablier à fleurs en fin de journée pour préparer la rupture du jeûne. Des valeurs sûres qui remplissent le bidon : pain à la semoule, bricks et soupe – chorba ou harira. Elle prépare également une salade. Et un plat supplémentaire. Sabrine varie en fonction de son humeur. Elle a cuisiné un poulet aux olives avec des pommes de terre sautées le premier jour ; des lasagnes le second. Un truc ne change pas : la quantité. La daronne force la dose volontairement. Elle met de côté une portion pour sa petite famille ; une autre pour les autres. Sabrine le fait depuis quelques ramadans. La première fois, c’était après une discussion en bas de l’immeuble avec son voisin. Un jeune gars qui chargeait le coffre de sa caisse de nourritures à la tombée de la nuit. Des marmites pleines et des plats bouillants recouverts d’aluminium. Curieuse, Sabrine lui avait demandé : «Tu vas où tous les soirs ?»
Le jeune gars a créé une boucle WhatsApp avec ses potes. Ils demandent à leurs proches de faire une portion ou deux supplémentaires tous les soirs de ramadan pour frapper à la porte des plus démunis. La solidarité en mode débrouille. Un bon repas pour rompre le jeûne. La boucle se (re) met en activité chaqu