C’est un roman graphique où l’on entre à petits pas, par la mort d’une grand-mère, celle de la narratrice de la Vie gourmande, Aurélia Aurita. Immédiatement, la famille, d’origine cambodgienne, se recueille autour d’un autel improvisé sur lequel on peut voir des fruits, de l’encens, du thé. La nourriture, pour Aurélia Aurita, occupe une place primordiale à chaque instant de sa vie, même les plus inacceptables, les plus révoltants. Quand la famille passe à table, ils réchauffent le pot-au-feu du frigo, préparé par la grand-mère quelques heures plus tôt : «Est-ce qu’elle savait que ce serait le dernier plat qu’elle cuisinerait pour nous ?» se demande l’autrice. La trace laissée par la mémoire des plats, l’amour qui passe dans le temps de la préparation, la caresse de la main derrière la technique culinaire est tout l’enjeu de ce roman graphique fort, sensuel et courageux.
A 38 ans, Aurélia Aurita, qui a connu un grand succès avec Fraise et Chocolat en 2006, où elle narrait sa vie intime et érotique, revient plus de quinze ans plus tard avec un récit autrement plus intime : celui de son combat contre la maladie. Traversé par de nombreuses figures féministes qui sont aussi ses amies (Jeanne Cherhal, Mona Chollet, Annie Ernaux mais aussi Maëlle Sigonneau, autrice du livre et du podcast Im/pat