C’était le 15 décembre 2015. Ce jour-là, Pablo passe le pas de la porte de Mokonuts, à l’heure du petit déjeuner. Le restaurant à la devanture discrète a ouvert le matin même, dans une rue peu passante du XIe arrondissement de Paris, rue Saint-Bernard. Après avoir avalé son bol de granola, il interpelle les patrons sur l’absence de formule, comme dans les bistrots voisins, et les prix pratiqués. L’enthousiasme des néo-restaurateurs est douché.
Depuis, Pablo est pourtant revenu chaque semaine. L’anecdote est racontée par la cofondatrice de Mokonuts, Moko Hirayama, dans un bel ouvrage paru ces jours-ci chez Phaidon, cosigné avec son associé et époux, Omar Koreitem. Le couple y partage une centaine de leurs recettes fétiches et y raconte les coulisses de leur restaurant familial, leur «deuxième maison», un récit personnel et incarné à l’image de leur établissement intimiste, qui fédère depuis dix ans toute une communauté de fidèles.
«L’endroit est tout petit, et c’est ce qui fait son charme. On entre, on se faufile entre les tables très rapprochées, on s’assoit, et là, la magie opère : on se sent tout de suite bien», raconte, dans la préface, l’autrice culinaire américaine Dorie Greenspan, cliente de la première heure. D’abord café-boulangerie aux influences multiples (le binôme, d’origine libanaise pour lui et japonaise pour elle, a vécu à New York, puis à Londres), Mokonuts a vu son offre évoluer au fil des ans, pour finalement servir des déjeuners plus élaborés.
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