La première fois qu’on a croisé la route des inarizushis, c’est à la table d’un patron taiseux à l’œil barré d’une cicatrice, un drôle de zozo dans une drôle de gargote dont la carte ne proposait au demeurant que de la soupe miso et du saké. On y était entrée à pas feutrés, pas sûre de savoir encore apprécier ce que l’on goûtait là, en ancienne adolescente dévoreuse de mangas qui s’en était éloignée en grandissant, écoutant les sirènes adultes qui lui disaient que tout cela n’était pas bien sérieux. Ah oui, car ce restaurant mystérieux du Tokyo interlope était en fait un rade de papier, né de l’imagination et de la plume de Yaro Abe.
Délice un peu fondant
La spécialité de la Cantine de minuit, son manga traduit en français depuis 2017 par les éditions du Lézard noir (1), consiste en cette bizarrerie : la cuisine y est à la demande. Chaque client qui pousse la porte peut faire part au chef de son envie du moment, pour que celui-ci le lui prépare s’il a en stock les ingrédients nécessaires. Au fil des saynètes, les assiettes des habitués et gourmets de passage alignées face au comptoir dessinent un panorama culinaire du Japon élargissant sacrément ce que l’on en connaissait jusque-là.
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Bref, cela faisait quelques semaines déjà que l’on bavait sur les pages de ce manga de bouffe, avec la furieuse envie de goûter. Mais las, quasiment toutes les recettes contenaient de la viande ou du poisson, laissant la végétarienne que nous sommes sur sa faim. Jusqu’à l’apparition des fameux inarizushis, délica