Quand une fois tous les six mois, le soleil daigne pointer le bout de son nez dans la capitale, les Parisiens se précipitent en terrasse pour manger, s’arsouiller, se rouler des pelles et fumer des clopes afin de perpétuer les clichés qui leur collent à la peau. Comme les touristes veulent les imiter, passé 18 heures, il peut devenir compliqué de trouver une table de libre. Rien de plus agaçant que de se voir refusé partout, après une dure journée de taf, à l’heure du rosé piscine ou du thé glacé. Les terrasses et places de cette liste, minutieusement sélectionnées après des années de pratique assidue, répondent à trois critères : 1 /elles sont charmantes ; 2 /plusieurs restaurants ou bars de qualité, souvent à des prix câlins, s’y font face, ce qui permet de varier les choix et les plaisirs ; 3 /il y a, a priori, sauf malchance, de la place. La maison ne rembourse pas ce papier en cas d’affluence inhabituelle due à une canicule.

Si Emily in Paris descendait de son nuage aseptisé, on l’inviterait bien à prendre un verre place Sainte-Marthe. Sur le papier, elle a tout pour lui plaire : une petite place arborée quasi sans voitures, des devantures en bois de toutes les couleurs, des terrasses intimistes comme celle du Sicilien Mulino Mule ou son voisin breton, la crêperie Armorix. Mais le microquartier Sainte-Marthe (trois rues en tout), c’est Paris, le vrai. A commencer par son héritage ouvrier. Vers 1860, y étaient entassés ouvriers et artisans des travaux haussmanniens. Les v