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Tu mitonnes

Les tontons flambeurs de la gnôle

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Tu mitonnes !dossier
Chaque jeudi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, célébration appuyée de l’eau de vie au cul de l’alambic avec recettes flamboyantes de rognons et de gratin de pommes.
(Emmanuel Pierrot/Libération)
publié le 4 mars 2021 à 11h32

L’autre soir, le Grand, il débarque en grouinant comme un goret. «Je suis malaade qu’il chouine. «Qu’est-ce t’as ? T’as encore chopé une bléno qu’on rigole. Il désigne sa gorge avec un mouvement frénétique de la main. «Angine, chuis sûr.» «T’as qu’à arrêter de dormir la bouche ouverte aux courants d’air quand t’es bourré», qu’on grogne.

«USS Missouri»

C’est qu’on le connaît l’ami, s’il vient nous gonfler, c’est qu’il n’y a pas de souris pour jouer les infirmières et les marraines de guerre. La dernière s’est sauvée en courant après une poignée de couvre-feux : elle a vite compris que la vie nocturne avec le Grand, c’était comme être confinée dans la culasse d’un canon de marine du cuirassé USS Missouri, infernal.

Vache normande

«Je veux un grog, implore le Grand. Y a que ça qui me guérira.» «Ah ouais, qu’on ricane. Alors de l’eau chaude, du miel et du citron.» On se marre du dedans le temps qu’il percute : «Mais non, t’es pas une pharmacie, c’est la gnôle qui soigne dans le grog.» «Ici plus rien ne dépasse les 13 degrés du jaja pour te décalaminer le gosier.» Là, le Grand, il nous observe ahuri comme une vache normande regardant passer le Paris-Caen. «Vraiment plus rien, même pas du Negrita avec quoi tu fais tes babas qu’il supplie. «Désolé vieux, mais la dernière fois, tu t’es fini avec le fond du rhum de cuisine, c’était aussi minable qu’une branlette devant le catalogue de la Redou